Le THR Summit de Barcelone offre une tribune aux scientifiques sur la réduction des risques avec le vapotage

Hier, le premier Sommet espagnol sur la réduction des risques liés au tabac se tenait à Barcelone. Le Tobacco Harm Reduction Summit (THR) organisé par Anesvap, association des usagers de vape en Espagne, accueillait treize chercheurs de pointe internationaux, dont la Pr Linda Bauld, le Pr Riccardo Polosa, le Dr Konstantinos Farsalinos et le scientifique Jacques le Houezec. Le temps d'être traitées, les vidéos des présentations en bonne qualité devraient être prochainement mises en ligne.

Du côté des intervenants espagnols, Ángel González Ureña, directeur du département de recherche moléculaire de l’Université de Madrid, a créé la sensation en présentant les résultats de ses recherches sur les effets du vapotage pour l'entourage. Selon les mesures du chercheur, les personnes situées à proximité d'un vapoteur inhalent une dose de nicotine plus de cent fois moindre que celles à proximité d'un fumeur. "Ces taux sont insignifiants et écartent la thèse de l'existence d'un vapotage passif", explique Ángel González Ureña à la revue médicale Gaceta Médica.

La vape pour les fumeurs atteints de BPCO

Autre étude originale récente présentée à ce Sommet, celle du Pr Riccardo Polosa, de l'Université de Catania. Il suit des fumeurs atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). On estime que 9 malades de BPCO sur dix en sont atteints à cause de leur tabagisme. Et, phénomène qui peut sembler paradoxal, ils ont encore plus de difficultés à arrêter la cigarette que les autres fumeurs. Explorer une voie de réduction des risques, comme celle du vapotage, apparaît donc potentiellement des plus intéressants. Et les résultats du suivi de 44 malades sur trois ans, publié fin août dans l'International Journal of Chronic Obstructive Pulmonary Disease, sont prometteurs. 

Après trois ans, les 22 patients atteints de BPCO ayant tenté d'utiliser le vapotage avaient réduit en moyenne par dix leur consommation de cigarettes, passant de 22 cigarettes à 2 par jour. Parmi les treize ayant cessé de fumer, un participant a rechuté momentanément durant les trois ans du suivi. Plus significatif encore, les tests d'évaluations de leur santé respiratoire montrent une amélioration des symptômes de la BPCO. En moyenne, les patients utilisant le vapotage avaient moins d'infections et moins de crises au niveau respiratoire. Ils relatent aussi une sensation d'amélioration de leur état, grâce à l'arrêt ou la très forte réduction de leur tabagisme à l'aide du vapotage.

L'exemple anglais de santé publique

Le Sommet a également été l'occasion de discuter de l'apport de l'approche de réduction des risques en terme de politique de santé publique. "Le vapotage réduit les taux de tabagisme dans de nombreux pays, en particulier ceux qui l’incluent dans leurs stratégies antitabac comme le Royaume-Uni", souligne la Dr Carmen Escrig, spécialiste de biologie moléculaire à l’Université Autonome de Madrid. Pourtant, aucune organisation traditionnelle locale de lutte contre le tabagisme n'a assisté aux conférences. "Nous avons une méthode qui fonctionne contre le tabagisme et l'Espagne regarde de l'autre côté", déplore la Dr Carmen Escrig, aussi coordinatrice de l'association médicale MOVE.

Louise Ross, ex-directrice du Stop Smoking Service de Leicester, témoigne de l'intérêt et de l'efficacité du vapotage intégré à l'aide à l'arrêt tabagique. Avec une moyenne de plus de 60% de réussites, le nombre de tentatives avec le vapotage n'a cessé d'augmenter en quatre ans au centre stop-tabac. La sortie massive du tabagisme de plus de 2,3 millions de fumeurs adultes britanniques à l'aide du vapotage n’entraîne pas d'effet pervers sur la jeunesse. La grande peur entretenue dans les médias n'a pas de réalité. L'exposé de la Pr Linda Bauld, de l'Université de Stirling, confirme l'absence "d'effet passerelle" du vapotage vers le tabagisme chez les jeunes britanniques.


Travail de terrain en climat hostile

Mais hors du Royaume-Uni, les autorités de santé restent rétives, si ce n'est hostiles au vapotage. En France, Jacques le Houezec a opté pour former les magasins de vape, devenus la première ligne de lutte anti-tabac. Plus d'un tiers des participants au Mois Sans Tabac recourt au vapotage pour tenter l'arrêt tabagique, expliquait François Bourdillon, directeur de Santé Publique France, devant la caméra de France 5 en mai dernier. Pour autant, aucune aide significative n'a été déployée par les services publiques pour les soutenir. Tentant de compenser les lacunes des services de santé, Jacques le Houezec parcourt le pays pour dispenser une formation aux vendeurs de vape visant spécifiquement l'aide à l'arrêt tabagique. 

En Espagne, le vapotage avait été foudroyé en 2014 en plein envol par une fake news alarmiste sur un cas de pneumonie lipidique qui lui a été attribué sans raison. Une information sans plausibilité médicale alors que les composants des liquides de vapotage ne sont pas des lipides mais des di-alcools, rappelle le Dr Konstantinos Farsalinos. Au-delà de cet exemple local, la désinformation est devenue un peu partout l'arme massivement utilisée pour créer le doute et maintenir les fumeurs dans le tabagisme face à l'apparition du vapotage. Au moment même où les opioïdes synthétiques ravagent les Etats-Unis, la responsabilité de la communauté scientifique est ici aussi flagrante dans cette nuisance de santé publique. 

Défendre des vies humaines 

A défaut du soutien des organisations anti-tabac en Espagne, les vapoteurs y ont cultivé une solide faculté de résilience. Près de 70% des vapoteurs espagnols ont arrêté de fumer. Rompu à un climat encore plus adverse dans la prohibitionniste Australie, le Dr Attila Danko, de l'association New Nicotine Alliance, reste résolument optimiste pour les défenseurs du droit à la réduction des risques, rapporte le site italien Sig Magazine. "Nous allons gagné parce que nous nous battons pour des vies humaines, et non pas pour protéger nos croyances idéologiques".

Plus sobre dans la forme, la Dr Carmen Escrig exprime aussi cet espoir malgré l'absence de curiosité des organisations anti-tabac locales. "Il est dommage que certaines des principales sociétés scientifiques soient aspirées par l'alarmisme au lieu de participer à un congrès qui a eu la volonté de débattre sous un angle éminemment scientifique et indépendant. Le vapotage est un phénomène qui peut sauver la vie de millions de fumeurs. La communauté médicale et scientifique ne peut plus leur tourner le dos".


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