#unpesopertutti : les vapoteurs italiens mettent le feu à Philip Morris et l'Etat
L'affiche détournée par heatandburn.org |
Sauf que pour les
vapoteurs le message a du mal à passer. «La guerre déclarée à la
vapote de la part de l’État, à travers les normes fiscales, et de
la part des lobbies qui ont voulu ces taxes, est un poids pour tous
les citoyens», dénonce unpesopertutti.org. Alors que le
gouvernement de Matteo Renzi a fait passer un décret (no.
188/2014)
publié le 23 décembre (!) 2014 sur l'imposition indirecte
(l'accise) des produits «pouvant être inhalés sans
combustion».
Ce décret prétend
limiter à la moitié leurs taxes par rapport aux produits du tabac.
«Mais à
travers un système absurde et impraticable pour calculer l'équivalence aux cigarettes, l'accise a été fixé à € 3,73 plus la TVA, de fait supérieure à la taxation précédente», explique
le site des vapoteurs. De quoi presque doubler le prix du flacon de
liquide à vaper de 10 ml, contenance maximale autorisée par la
directive européenne.
Ce
décret est le second du genre pour surtaxer les liquides de
vapotage. Comme la première fois, le Tribunal administratif régional
du Lazio (Rome) vient
de l'envoyer à la Court constitutionnelle. Qui avait retoqué le premier jet. comme l'explique sigmagazine.net en détail.
IQos' burning
IQos ouverte après usage. Le tabac n'est pas en cendre mais clairement carbonisé. |
A contrario,
l'iQos bénéficierait à plein de ce régime spécial. Le quotidien
la Notizia n'hésitait pas à déclarer que «ce décret est taillé
sur mesure pour Philip Morris» dans son édition du 21 janvier 2015.
Un cadeau fiscal de Noël pour la Marlboro soi-disant chauffée sans
combustion, en dépit des signes de combustion du tabac après sa
vaporisation. En plus de la possibilité évidente de fumer les
cigarettes de recharges (les «sticks») sans l'appareil vaporisateur
produit à Bologna. Que le premier ministre Matteo Renzi a d'ailleurs inauguré en grande pompe.
Cette loi du deux poids, deux mesures entre l'iQos et la vapote, règne aussi en Suisse. Les services du ministre de la santé Alain Berset ont autorisé sa mise en vente en Août dernier avec un avertissement sanitaire adouci. Sans l'astreindre au fameux article 37 §3 de l'Ordonnance sur les denrées alimentaires et objets usuels (ODAIOUs) dont ils se servent pour interdire les liquides nicotinés à vapoter. Et ceci, dans le silence complaisant des médias et des organisations soi-disant anti-tabagisme. En dépit de mon article publié dans le Courrier. On notera le sens de l'ironie du lobbying de Philip Morris jouant la carte de l'iQos produit du tabac pour le vendre en Suisse, et en Italie «vaporisateur» pour le détaxer.
Vidéo montrant une femme fumer un "stick" iQos - A ne surtout pas imiter
Renormalisation des firmes tabagiques
Cette histoire illustre aussi la
perversité des mots d'ordre de l'OMS et de la BM pour la taxation et
la lutte contre le marché noir. Non seulement, comme le souligne
Robert Proctor dans Golden Holocaust, les taxes asservissent les
États à l'industrie du tabac. Cette forme de néo-colonialisme
économique bien connue transforme ceux-ci en républiques bananières
tabagiques à l'image affligeante de la France. Mais aussi, la
reprise de ces slogans sous forme de campagne citoyenniste tend à
renormaliser les firmes tabagiques. Accréditant que vendre du tabac
taxé serait citoyen en contribuant aux finances publiques.
Cependant, le cirque médiatique de Philip Morris n'avait pas prévu la mobilisation de véritables citoyens. Propulsant momentanément #unpesopertutti second hashtag du trending italien politique de Twitter et détournant complètement la campagne de son message initial. Un «effet boomerang», selon l'expression d'Insider, où quelques messages du cigarettier se retrouvent submergés par des milliers de tweets dénonçant les méfaits du tabac, la corruption des élites et la guerre déclarée à la vape indépendante et à la réduction des risques pour la santé grâce à celle-ci. Une histoire pas prête d'être consumée.
Voir aussi:
en italien : sigmagazine.net : unpesopertutti
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