La vape bien moins toxique pour des cellules des bronches que la cigarette, selon une étude in vitro à l'Institut Pasteur de Lille
«Ces résultats suggère fortement une toxicité plus faible du
vapotage comparé à la fumée de cigarette». C'est la conclusion
d'une étude toxicologique menée à l'Institut Pasteur du CHU de
Lille sur des cellules d’épithélium des bronches humaines.
L'équipe de recherche, menée par Sebastien Anthérieu, a exposé
des cellules à la fumée d'une cigarette et à l'aérosol de
liquides de vapotage en reproduisant des conditions réalistes
d'usage. Le manuscrit accepté par la revue Toxicology in vitro
explique: «Tandis que la fumée de cigarette a fortement diminué la
viabilité cellulaire après 48 mn d'exposition, le vapotage n'a
induit aucune cytotoxicité après 288 mn d'exposition».
Outre la survie des cellules, les sept chercheurs ont mesuré un
stress oxydatif significatif «qu'après l'exposition à la fumée de
cigarette». En plus de ces éléments clefs des pathologies
respiratoires chroniques, l'équipe de l'Impact of environnental
chemicals on human health (IMPECS) a aussi procédé à une
évaluation des effets sur les gènes. «Les données
transcriptomiques des cellules exposées indiquent un grand nombre de
gènes déréglementés en réponse à la fumée de cigarette (...)
tandis que le vapotage n'a provoqué qu'une modulation très
discrète». Voici deux des tableaux de résultats - en plus de celui sur la survie des cellules ci-dessus -, le premier concernant un marqueur de stress oxydatif (complété dans l'étude par des mesures des sécrétions inflammatoires), et le second concernant les modulations des gènes des cellules.
Le ratio de glutathion intercellulaire (GSSG/GSH), un marqueur de stress oxydatif |
Nombre de modification dans l'expression des gènes des cellules soumises à la vape et à la cigarette 3R4F |
Eléments de méthodo et matos
«Les données sur la toxicité du vapotage sur les fonctions
cellulaires humaines se limitent jusqu'à présent à des expositions
aiguës (Hiemstra et Bals, 2016). Toutefois, ces conditions peuvent
sous-estimer les risques potentiels d'utilisation à long terme de la
vape. De plus, la plupart des études n'ont pas effectué de
comparaison directe avec la fumée de cigarette conventionnelle»,
stipulent les chercheurs. L'objectif de l'étude est donc d'évaluer en
conditions réalistes si le vapotage est cause de toxicité après
des expositions aiguës et répétées, et en comparer les effets à
ceux de la fumée de cigarette.
Initiée en mars 2014, l'étude a utilisé des cigarettes standard
de recherche (3R4F) et des appareils avec clearomiseur et batterie de
type ego à 3,7 volts, données par la marque lilloise Nhoss,
montées avec des résistances de 2,8 Ohms. Des liquides français de
trois types - sans arôme, au goût tabac blond et menthe
chlorophylle - étaient chacun en version sans nicotine et au taux de
16mg/ml. L'exposition des cellules de souche BEAS-2B à la vapeur
s'est faite avec une interface air-liquid (ALI) pour reproduire des
conditions réalistes d'usage. «Ce système est capable de
correspondre à des situations de vie réelle et d'imiter de manière
réaliste la dilution, le flux et les conditions d'humidité du
vapotage ou du tabagisme», souligne l'étude, s'appuyant sur des
articles de références en la matière.
«En l'absence d'un profil standardisé de vapotage, un volume et une
fréquence de bouffées élevés ont été sélectionnés. La bouffée
a été définie avec un volume de 55 ml durant 3 secondes, prise à
intervalles de 30 sec., en utilisant un profil de bouffée d'onde
carrée». En regard, les bouffées de cigarette représentaient un
volume de 35 ml durant 2 sec., prises toutes les 60 sec., suivant un
standard ISO réputé en la matière (ISO 3308:2012).
En somme, le vapotage a été soumis à un régime de bouffées plus
volumineuses et deux fois plus fréquentes que la fumée de
cigarette.
Référence de l'étude :
Comparison of cellular and transcriptomic effects between electronic cigarette vapor and cigarette smoke in human bronchial epithelial cells
Sébastien Anthérieu,
Anne Garat,
Nicolas Beauval,
Mélissa Soyez,
Delphine Allorge, Guillaume Garçon and Jean-Marc Lo-Guidice; de l'Univ. Lille, CHU Lille,
Institut Pasteur de Lille, EA 4483 - IMPECS - IMPact of Environmental ChemicalS on human health
in Toxicology in Vitro, TIV 3902, doi: 10.1016/j.tiv.2016.12.015
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