Congrès E-ADD 2017: La Dr Anne Borgne ventile un vademecum sur la vape aux médecins
"On devrait plutôt dire vaporette ou vapoteuse, parce que cela ne ressemble pas du tout à une cigarette". D'emblée la Dr Anne Borgne, médecin addictologue, pulvérise les malentendus sur le vapotage. Invitée au e-congrès E-ADD 2017, elle présente la vape comme outil pour l'arrêt du tabac à plus de 1'400 professionnels de santé connectés. Ce premier exercice français du genre sur les addictions, diffusé ce 23 mars en direct, reste consultable en ligne jusqu'au 9 avril.
"Le grand avantage de la vape c'est d'arrêter les produits de combustion, le monoxyde de carbone, les cancérigènes... Toutes ces substances qui entraînent les maladies liées au tabac", explique la Présidente du RESPADD, le réseau de prévention des addictions. Avant de préciser que "ce n'est ni un médicament ni du tabac", mais en se substituant au tabagisme, le vapotage améliore l'état de santé des ex-fumeurs. La vape est au moins à 95% moins risquée que la cigarette selon les organismes de santé britanniques, rappelle la docteure.
Soutenir
Dans l'approche préconisée par la Dr Anne Borgne, la première mission du professionnel de santé confronté à la question d'un patient fumeur est de soutenir et renforcer sa démarche. "Augmenter la confiance pour passer à l'action, c'est le point important", insiste la tabacologue. Il faut prendre le fumeur dans sa globalité, à la fois sa dépendance physiologique, psychologique et l'accompagnement social. "Le vapotage est un outil dans la globalité de l'accompagnement d'un fumeur dans une démarche d'arrêt", souligne t-elle.
Dans la vraie vie
Jaillissant sur le marché européen il y a quelques années, la vape a été rapidement prise en main par les usagers. "Les vapoteurs se sont constitués en association, ils ont défendu ce produit et ont mené à ce que les scientifiques s'y intéressent", retrace Anne Borgne. Depuis des normes, notamment de l'AFNOR, ont été créées sur la qualité des produits. Reste en suspens, une preuve clinique solide de l'efficacité du vapotage pour l'arrêt tabagique. Mais les protocoles d'études cliniques sur le sevrage tabagique sont peu réalistes aux yeux de la tabacologue. "Dans la vraie vie, on voit bien que les vapoteurs peuvent par exemple utiliser en même temps des substituts nicotiniques", explique t-elle.
Derrière l'approche quasi pharmaceutique des études se tapie l'inébranlable dogme de "l'abstinence ou la mort". A contre-pied de cette approche générant surtout l'échec, la docteure plaide pour combiner la diversité des outils d'arrêt du tabac à l'acceptation du rythme propre au patient sur son parcours. "Ce qui est intéressant dans cette multiplicité, c'est que chacun choisisse la stratégie et les outils qui lui correspondent. Et qu'on lui laisse le choix et le temps d'avancer dans sa démarche", propose la Dr Anne Borgne.
Vape sense
Signe indirect de l'efficacité de la méthode, certaines mutuelles françaises remboursent même leurs assurés fumeurs s'engageant sur un parcours de défume avec le vapotage. Dans le même sens, une proportion toujours plus importante de tabacologues, addictologues et médecins généralistes s'en empare. Des rencontres avec des vapoteurs ou des professionnels de santé aguerris permettent de découvrir l'outil pour ensuite pouvoir le recommander et orienter les patients fumeurs.
Dans le petit panel de moyens à disposition, la vape se distingue des autres modes de consommation de nicotine à faible risque, comme les gommes ou les patchs, par sa sensualité. "Son intérêt, c'est qu'elle donne des sensations. Il y a le hit, cette sensation au fond de la gorge, et puis cette vapeur", décrit-elle. Ce rôle déterminant des sensations impose au novice d'aller en boutique. "On va savoir si le vendeur est bon s'il commence par écouter le fumeur et l'interroger sur combien il fume, à quel moment il fume la première cigarette le matin, s'il a déjà essayé d'arrêter, etc.", souligne Anne Borgne. En somme, le vendeur cherche à déterminer quel appareil et quel taux de nicotine des liquides sont à faire tester à son client.
Ne pas nuire en privant les patients d'un outil
Si les inclinaisons entre les flagrances de liquides sont bohèmes, la question de l'apport de nicotine est plus technique. "La cigarette inflige un vrai shoot de nicotine en 7 secondes au cerveau. Avec la vape, cela s'apparente plus à la cinétique d'un substitut nicotinique en vaguelettes", précise la docteure bretonne, en expliquant comment le liquide, principalement constitué de glycerol et propylène glycol, est chauffé par une résistance pour générer l'aérosol inhalé.
Un procédé simple en définitive et dont les études éclairent toujours plus l'important potentiel de réduction des méfaits contre le tabagisme. En conclusion, la docteure martèle son credo optimiste, humaniste et hippocratique. "Il faut avoir des messages positif sur le vapotage et arrêter de dire "on ne sait pas, on n'a pas de preuves". Car cela dessert cet outil et en desservant l'outil, cela dessert ceux qui pourraient l'utiliser pour arrêter de fumer".
Enfin... ne plus voir écrit, ou entendre, ce terme inapproprié de ecig ou ecigarette ou cigarette électronique... enfin la confusion va pouvoir disparaître... car cet outil est à mille lieux de la tueuse. La vape est un substitut au même titre que les patchs ou les gommes. Espérons que la France avec l'Angleterre qui elle n'est pas du tout frileuse, sauront donner la direction à suivre aux autres pays... et ne seront plus à genoux devant certains lobbies...
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