Idiocracy: la FDA recommande de ne pas consommer de produits du marché noir tout en organisant la prohibition des produits légaux !
Recommander de ne pas acheter de produits au marché noir, tout en organisant la prohibition des liquides aromatisés qui va y pousser près de 10 millions d'utilisateurs. On pourrait croire à une scène du film Idiocracy. Mais ce spectacle d'une bêtise désolante est celle de la bureaucratie de santé publique américaine actuelle. "N'utilisez pas de produits de vapotage - en particulier ceux contenant du THC - obtenus dans la rue ou d'autres sources illicites ou de réseaux sociaux", hurle la Food and Drug Administration (FDA) dans son communiqué publié hier. Dans le même temps, l'agence est le moteur de la multiplication des interdictions de liquides de vapotage aromatisés dans tout le pays, alors que ce type de produit n'est pas à l'origine des empoisonnements pulmonaires. La FDA avait déjà fixé à mai prochain la date butoir d'un cahier d'homologation comme produit du tabac techniquement et financièrement intenable pour les entreprises de vape indépendantes.
Calcul morbide de politiciens
Pourtant l'origine des empoisonnements est claire, bien qu'il reste à déterminer si ceux-ci sont de nature chimique ou lipidique. Les 18 personnes décédées d'empoisonnements pulmonaires avaient consommé des produits du marché noir au THC. Selon les données du Center for Disease Control (CDC), plus de 78% du millier de patients sous observation déclarent avoir consommé des liquides au THC du marché noir. Une large part des 22% restant refusent, comme ils en ont le droit, de déclarer s'ils consomment ou non des liquides au THC, illégaux dans la plupart des Etats du pays.
Les autorités américaines semblent incapables de faire une simple soustraction pour retirer les personnes refusant de répondre et calculer le taux de personnes "avouant" avoir consommer des produits illicites sur le total des déclarations. L'enjeu de cette incapacité de calcul élémentaire est que si ce taux est suffisamment important, alors les autorités sanitaires ne pourraient plus incriminer officiellement sans raison le vapotage légal. Cette politique du doute a un but: nourrir la peur par l'incertitude.
Le traitement médiatique de cette vague d'empoisonnements pulmonaires restera "dans les livres d’histoire de santé publique comme l’une des plus grandes campagnes de désinformation et de tromperie publique jamais menées. Une campagne immorale de «panique morale» basée sur la fiction, l'intimidation, la terreur, la confusion et la désinformation", argumente le Pr Konstantinos Farsalinos, du Centre de cardiologie d'Athènes, dans un long billet sur son blog. [résumé en français par le Vaping Post] Il prend en exemple un article d'un des journaux du multi-milliardaire Michael Bloomberg, pour lister les contre-vérités assénées depuis deux mois sans interruption sur cette affaire. En Suisse, nous avions relevé la falsification d'un témoignage par la RTS, mais la liste des mensonges et tromperies sur cette affaire est impossible à dresser tant elle est massive.
Épidémie de prohibitions
Or, les empoisonnements aux liquides frelatés illicites ont servi à déclencher une vague de prohibition des produits de vapotage, légaux jusque-là, aux Etats-Unis. L'Etat du Massachusetts en a interdit toute vente pour au moins quatre mois, tandis que le Michigan, l'Etat de Washington et New York ont interdit les liquides aromatisées. Un appel, avec effet suspensif, est en cours devant la Cour Suprême de New-York. Le million d'habitants du comté de Los Angeles (Californie) seront privés d'accès légal à des produits de vape aromatisés à la fin du mois, imitant la décision de la ville de San Francisco. L'Ohio s'apprête aussi à le faire. Le président Trump a même évoqué un projet de prohibition au niveau national. Les annonces se succèdent à un tel rythme, qu'il est possible que cette liste ne soit pas complète.
"Je trouve cynique que la FDA recommande de ne pas utiliser de produit de vape acheté au marché noir. Pendant que notre gouvernement s'affaire à créer un environnement qui oblige les vapoteurs de nicotine à acheter des liquides aromatisés au marché noir", Phil Busardo, figure du mouvement des vapoteurs, sur son compte facebook.
Des voix résistent au maccarthysme anti-vape
Malgré la chasse aux sorcières hystérique contre le vapotage, certaines voix de santé publique s’opposent à la frénésie anti-réduction des risques. "Par un effet pervers, on va pousser les gens vers le même type de produits que ceux qui causent l'épidémie", déclare le Pr Leo Beletsky, de la NorthEast University, dans le Los Angeles Times.
"Les interdictions semblent vraiment mal configurées pour résoudre le problème en question", précise l'universitaire qui craint le développement d'un marché souterrain non réglementé pour les produits de vapotage nicotinés. De son côté, Helen Redmond, addictologue new-yorkaise, redoute surtout "un retour au tabagisme pour les vapoteurs" , dans la revue de réduction des risques Filter.
Les opportunistes sont chauds
L'hystérie anti-vape profite évidemment aux cigarettiers. Non seulement, elle relance les ventes de cigarettes, dont la chute a mis en difficulté les budgets des Etats ayant contracté des emprunts toxiques adossés à ces ventes, mais elle offre aussi aux Big Tobacco l'opportunité de démarquer leurs nouveaux produits de tabac chauffé. A titre d'exemple, CNN présente la cigarette trop chauffée Iqos de Philip Morris comme "une nouvelle manière de consommer de la nicotine ni vapotage, ni cigarette". C'est de bonne guerre a t-on envie de dire et la stratégie commerciale est rodée. Le cigarettier vaudois s'est entraîné à profiter des campagnes anti-vapotage d'Addiction Suisse pour pousser son produit à domicile.
Mass murder
Au lieu de résoudre l'origine des produits frelatés au THC en réglementant ceux-ci, les autorités américaines s'apprêtent donc à y ajouter un nouveau désastre de santé publique similaire à la prohibition de l'alcool dans les années 1920'. Ou plus récemment celui de la crise des opioïdes de synthèse où 3 millions de consommateurs de produits pharmaceutiques légaux rendus accros, dont les prescriptions ont été limitées du jour au lendemain sans mesure de réduction progressive, ont été jetés sur le marché noir des dealers de fentanyl, d'oxycontine et d'héroïne. Plus de 250'000 en sont morts depuis trois ans.
"L’approche que nous avons adoptée à ce jour en ce qui concerne la nicotine pourrait constituer une bonne production théâtrale kafkaïenne, mais c’est une politique de santé publique tragique", Pr David Sweanor, de l'Université d'Ottawa, dans la revue Hospital News.
Les responsables de santé publique américains prennent donc l'habitude de programmer des massacres de masse, alors que près de 480'000 de leurs concitoyens meurent prématurément chaque année de maladie provoquées par le tabagisme sans que les médias n'en fassent plus que quelques entre-filets convenus.
La fabrique du consentement par la peur
Bien que près de 3,5 millions avaient réussi à se libérer de la cigarette grâce au vapotage, environ 35 millions d'américains fument encore. Pour une très grande part membres des classes populaires, avec des revenus et des niveaux éducatifs les plus bas. Délaissés de l'intelligentsia démocrate aussi bien que des affairistes trumpiens, leur droit à accéder à un moyen de réduction des risques, leur droit à l'information et à la liberté d'expression sur ce sujet sont totalement niés par les élites américaines.
A la place, un club de richissimes desperate housewives des Hampton kidnappe le débat autour de peur névrotique sur le risque pour les "enfants". Or, cette peur n'a pas de fondement réel comme le démontre l'analyse statistique des Pr Martin Jarvis, Robert West et Jamie Brown publiée cette semaine. Il n'y a pas d'épidémie d'addiction à la nicotine à cause du vapotage chez les adolescents américains. Mais ce fait étant black-outé par les médias, il n'a pour ainsi dire pas d'existence. Il restera inconnu de l'opinion publique. Tout comme les études qui montrent que les restrictions, et a fortiori une prohibition, du vapotage favorisent le tabagisme adolescent.
Une honte à quand une plainte pour non assistance à personne en danger ?
RépondreSupprimer