Les taux de toxiques mesurés dans les urines de vapoteurs sont plus proches de non-fumeurs que de fumeurs
Quels niveaux de toxiques mesure-t-on dans les urines de vapoteurs, de fumeurs et de non-fumeurs ? Neuf chercheurs internationaux ont analysé le pipi de différents types de consommateurs américains, britanniques et polonais en 2014. Globalement, les niveaux de composés organiques volatils (COV) des vapoteurs exclusifs sont beaucoup plus proches de ceux des non-fumeurs que des fumeurs.
L’étude, publiée ce 14 octobre en open-access dans la revue Toxics, s’est déroulée en 2014 aux États-Unis (US), au Royaume-Uni (UK) et en Pologne (PL). Elle a comparé l’exposition à la nicotine et à des toxiques, des composés organiques volatils (COV), en mesurant les taux de métabolites dans les urines de fumeurs exclusifs de cigarettes (n = 127), de vapoteurs exclusifs (n = 124), de doubles usagers de cigarettes et vapotage (n = 95) et de non-utilisateurs (ni cigarette ni vape) comme groupe de contrôle (n = 110).
« Les niveaux urinaires de la plupart des biomarqueurs de toxiques mesurés dans cette étude ne présentent pas de différence significative entre les vapoteurs exclusifs et les non-utilisateurs, à l’exception d’un petit nombre de composés organiques volatils (COV) et de nitrosamines (TSNA). Nos résultats montrent également que, tout en étant exposés à des niveaux élevés de nicotine, les vapoteurs exclusifs à long terme présentent des niveaux de biomarqueurs de toxiques nettement inférieurs à ceux des fumeurs et des doubles usagers », concluent les neuf chercheurs menés par la Dre Danielle Smith, du Centre sur le cancer de Roswell Park.
Écarts minimes entre vapoteurs et non-fumeurs sauf pour trois substances
Les différences entre les fumeurs, y compris les doubles-usagers, et les vapoteurs sont énormes sur la plupart des mesures, notamment les biomarqueurs pour l’acroléine, l’acrylamide, l’acrylonitrile, le butadiène, le crotonaldehyde, le dimethylformamide, le styrène, et le xylène; ainsi que les nitrosamines (TSNA). Tandis que les écarts entre vapoteurs et non-usagers sont minimes, à l’exception selon les auteurs de différences significatives concernant la nitrosamine NNAL et les biomarqueurs pour l’acrylonitrile (CYMA) et le N,N-diméthylformamide (AMCC).
Quelques différences entre vapoteurs polonais et britanniques
En comparant les vapoteurs des trois pays, les vapoteurs polonais présentent des niveaux d’acroléine relativement élevés par rapport aux non-fumeurs, mais également par rapport aux vapoteurs américains et britanniques. Les vapoteurs polonais ont également des niveaux de nicotine sensiblement plus élevés que les autres vapoteurs.
Les chercheurs n’ont pas de réponse claire pour expliquer cette différence. Ils soulignent les différences des types d’appareils les plus utilisés entre les trois pays, entre cigalikes à capsule pré-remplie et appareils rechargeables en liquide. Pour rappel, en 2014 l'inventif, mais encore rudimentaire, clearomiseur Stardust était un appareil rechargeable très populaire.
Avant la TPD, des liquides à plus de 20 mg/ml
Les doubles-usagers ont des niveaux de toxiques proches de ceux des fumeurs
Concernant les doubles usagers, les résultats montrent des niveaux similaires aux fumeurs pour la plupart des marqueurs de toxiques. Cependant, les taux de nitrosamines et de l’acrylonitrile (CYMA) sont plus faibles chez les vapofumeurs que chez les fumeurs exclusifs. Les doubles usagers fumaient 10 cigarettes par jour en moyenne (dans une fourchette de 2 à 18 cigs/j), contre 15 pour les fumeurs exclusifs (dans une fourchette de 6 à 24 cigs/j).
« Si l’on considère que les doubles utilisateurs de notre échantillon fumaient globalement moins de cigarettes que les fumeurs exclusifs, nous suggérons que [le niveau plus faible de nitrosamines et d’acrylonitrile] pourrait être en fonction du nombre de cigarettes fumées par jour (CPJ). Cette hypothèse semble être cohérente avec les différences observées dans les niveaux de biomarqueurs chez les doubles utilisateurs des différents pays : les doubles utilisateurs britanniques, qui fumaient plus que les doubles-usagers polonais, ont montré des niveaux statistiquement plus élevés de biomarqueurs d’exposition à plusieurs substances toxiques, dont les nitrosamines NNK, le NAB, le NAT, l’acroléine, l’acrylamide, le benzène, le 1,3-butadiène, le crotonaldéhyde, le cyanure, le styrène et le xylène. Il semblerait donc que certains cas de double usage puissent être associés à une exposition réduite à certaines substances toxiques liées au tabac, en fonction de la fréquence relative de l’utilisation des e-cigarettes par rapport au tabagisme, du nombre de cigarettes fumées et du type d’appareil de vape utilisé », avance l’étude publiée dans Toxics.
Confirmation de la réduction massive des risques
Une recherche publiée en 2017 dans Annals of Internal Medicine avait comparé une sélection similaire de toxiques entre fumeurs, vapoteurs et utilisateurs de substituts nicotiniques. Les vapoteurs exclusifs étaient ceux dont les urines recelaient le moins de toxiques. Plus tôt cette année, une étude de l’Institut Pasteur de Lille a analysé les niveaux de composés organiques volatils des aérosols de vape et de la fumée de cigarette, montrant des niveaux de réduction massifs pour le vapotage par rapport aux cigarettes. Cette nouvelle étude, bien que ses mesures remontent à 2014, confirme une réduction massive de l’exposition aux nitrosamines et aux composés organiques volatils pour les fumeurs qui passent complètement au vapotage.
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