Arrêt tabac : conseils sur les arômes et SMS améliorent la réussite avec la vape


Avec près des deux tiers des fumeurs désirant arrêter de fumer, les moyens de les aider à s’en sortir devraient être un sujet au cœur des politiques antitabac. C’est le cas au Royaume-Uni, où une étude s’est penchée sur différentes options de soutien pour améliorer l’arrêt tabagique avec la vape, avec le lancement de l’opération Swap to Stop en perspective. Swap to Stop – changer pour arrêter – prévoit la distribution d’un million de kits de vape à des fumeurs s’engageant à tenter d’arrêter de fumer.

Publiée dans la revue Addiction, la recherche a évalué l’impact de cinq types d’aides complémentaires au vapotage et leurs combinaisons par paires. L’équipe de chercheurs, dirigée par la Pr Lynne Dawkins de l’Université de London South Bank, conclut à une augmentation significative (OR 1,55 ; IC à 95 % de 1,13 à 2,14) des arrêts à l’aide du vapotage lorsque les fumeurs ont été aiguillonnés sur leurs choix d’arômes et reçus des SMS de soutien. Dans ce cas de figure, 25 % des fumeurs avaient totalement cessé de fumer depuis au moins 4 semaines au terme du suivi de 3 mois.

Améliorer l’arrêt tabagique à l’aide du vapotage

Arrêter de fumer est un challenge parmi les plus difficiles qu’il soit. Statistiquement, seuls 3 à 4 % des fumeurs qui tentent d’arrêter sans autre aide que leur volonté réussissent. Le soutien avec des substituts nicotinés pharmaceutiques double ce taux de réussite, ce qui signifie encore plus de 9 échecs pour 10 tentatives. Les études cliniques montrent que le vapotage présente une aide environ deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques, selon la métanalyse de l’institut Cochrane. Cependant, les soignants ont développé des approches combinant les aides, notamment la conjugaison de prescription de substituts nicotiniques et de soutien psychologique sous différentes formes. L’étude a transposé cette approche de combinaison aux tentatives d’arrêt avec le vapotage.

Plus précisément, les chercheurs se sont concentrés sur des aides complémentaires pour des fumeurs qui se procurent du vapotage en ligne. En Angleterre, près de 35 % des tentatives d’arrêts tabagiques se font avec l’aide de la vape, et environ un cinquième des acheteurs de vape passe par des achats en ligne. « Cependant, peu de conseils ou de support sur quoi ou comment utiliser sont actuellement fournis » lors de ces achats en ligne, soulignent les auteurs. L’étude s’est déroulée durant la période de Covid et les restrictions d’ouverture de magasins et de mobilité liées. Cependant, on peut imaginer qu’au-delà de la vente en ligne, certains éléments, notamment le soutien par SMS, pourraient aussi être adaptés et adoptés par des magasins physiques.

Cinq compléments d’aide et leurs combinaisons testés

L’équipe de recherche s’est orienté sur cinq composantes d’intervention : « (1) des conseils personnalisés sur les dispositifs de vapotage, (2) des conseils personnalisés sur le taux de nicotine, (3) des conseils personnalisés sur les saveurs, (4) de brèves informations sur les risques relatifs et (5) un soutien par des textos (SMS) ». Les différentes aides et leurs combinaisons ont eu des résultats similaires, à l’exception du combo des conseils sur les arômes et l’envoi de SMS de soutien. Cette combinaison a significativement augmenté, d’environ 55 % par rapport aux autres variantes, les arrêts tabagiques complets d’au moins 4 semaines après 12 semaines du suivi.

Taux d'arrêts tabagique d'au moins 4 semaines avec le vapotage associé ou non à des conseils sur les arômes et des  SMS de soutien

En moyenne, les 1214 fumeurs de l’étude, dont 61 % de femmes, étaient âgés de 39 ans, dont 20 ans de tabagisme à hauteur de 17,8 cigarettes par jour. Près de 19 % de l’ensemble des participants ont arrêté de fumer au moins 4 semaines après 12 semaines de suivi, tandis que 13 % ont réduit de plus de moitié le nombre de cigarettes fumées par jour. Près de la moitié (48 %) ont été perdus de vue durant le suivi et ont été considérés comme ayant continué ou repris le tabagisme. « Lorsque les conseils sur la saveur et les SMS étaient combinés, les fumeurs étaient plus susceptibles de déclarer s’être abstenus au cours des 4 semaines précédentes (25 %) que ceux qui n’avaient reçu que des conseils sur la saveur ou un SMS seul (19 et 15 %) ou ceux qui n’avaient reçu ni l’un ni l’autre (12 %) », précise l’étude.

L’efficacité d’un soutien avec des SMS aux tentatives d’arrêts tabagiques est connue. Cependant, « il s’agit de la première étude, à notre connaissance, à tester des messages textos conçus spécifiquement pour aider les fumeurs à effectuer une transition complète vers l’utilisation du vapotage », précisent les chercheurs. Une explication possible à l’efficacité particulière dans l’étude de la combinaison des conseils sur les arômes et des SMS pourrait être que « les conseils sur le choix des arômes sont importants au départ, mais uniquement lorsqu’ils sont accompagnés de conseils à plus long terme encourageant une utilisation flexible des arômes ».

Le passage à la vape : un processus fluide à aborder globalement

Concernant l’absence d’impact des conseils sur les taux de nicotine, les auteurs font l’hypothèse d’une faiblesse de conception de leur part. Ils ont segmenté les différents conseils, découplant ceux sur le dispositif de vape de ceux sur le taux de nicotine. « Des travaux supplémentaires dans ce domaine pourraient envisager de fournir des conseils personnalisés sur la force de la nicotine en fonction du type d’appareil utilisé et du délai avant la première cigarette, et non sur ces composants d’intervention pris isolément », suggèrent les chercheurs.

Les fumeurs qui ont participé à l’ensemble du suivi ont plutôt bien adhéré aux options d’aides, sauf les informations sur les risques relatifs. Environ 85 % ont lu les conseils sur les appareils, le taux de nicotine, les arômes et les SMS envoyés. Par contre, seuls 20 % du groupe ayant reçu des informations sur les risques les ont lus. Des difficultés techniques ou pratiques pour lire les fichiers PDF de ces informations ont pu réduire le taux de lecture. Aussi « comme les participants se sont inscrits à une étude sur le vapotage et que la volonté de l’utiliser était un critère d’inclusion, ils peuvent avoir eu de faibles niveaux de préoccupation concernant les problèmes de sécurité et donc ne pas avoir ressenti un fort besoin de les lire », notent les auteurs.

Un pas vers de meilleures aides à l’arrêt tabagique

L’étude offre des pistes de recherche et de mises en pratique intéressantes. Les « résultats suggèrent que des conseils personnalisés sur la saveur et des messages de soutien par texto sont une combinaison d’intervention prometteuse pour promouvoir l’arrêt du tabac », concluent les chercheurs. Le travail présente un véritable esprit de recherche. La grande honnêteté des auteurs à discuter certaines faiblesses de leur expérience est très instructive et prometteuse de progrès dans les prochaines études. Cependant, on peut éventuellement regretter l’absence d’un usager expérimenté dans l’équipe de recherche, ce qui aurait probablement évité l’écueil de la segmentation étanche de caractéristiques en interaction dans le choix de la combinaison de l’appareil et du taux de nicotine.

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