Dogmes de l'OMS en échec en France: l'OFDT loupe l'éléphant de la réduction des risques dans la chambre du tabagisme

Pourquoi y a t-il tant de fumeurs en France alors que ce pays applique toute la batterie de mesures anti-tabac préconisée par l'Organisation Mondiale de la Santé ? C'est la question qui reste sur les bras de l'Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (OFDT) au terme de son rapport sur les prévalences d'usage et les prix du tabac en Europe. "Relativement aux pays de l’UE, tout particulièrement ceux de l’Europe de l’Ouest, ainsi qu’aux autres pays développés (anglo-saxons), la consommation de tabac apparaît particulièrement importante en France, et ce dès l’adolescence", constate le document signé Aurélie Lermenier-Jeannet et publié hier par l'OFDT.  

"Sorte de paradoxe français"

"Au vu de l’analyse menée, il semble donc subsister une sorte de paradoxe français en matière de tabagisme. Malgré une législation de plus en plus contraignante, conforme quasiment en tous points aux exigences de la Convention-cadre de lutte contre le tabac (CCLAT) [ndr. de l'OMS] que le pays a ratifiée en 2004, avec de nombreuses restrictions d’usage, de publicité et d’accès (aux mineurs) ainsi que des prix élevés, la France n’est jusqu'en 2016 pas parvenue à infléchir durablement sa consommation de tabac", énonce sous forme d'énigme la conclusion du rapport.

Les prix des cigarettes y sont parmi les plus élevés d'Europe, a fortiori rapporté au pouvoir d'achat. Les interdictions de publicités, de vente aux mineurs, et même le paquet neutre sont de rigueur. Malgré tout cela, l'Eurobaromètre a recensé 33% de fumeurs en France contre 5% en Suède et moins de 16% au Royaume-Uni au printemps 2017. Les services français ont évalué à la même période un tabagisme de l'ordre de 27%, soit sensiblement moins que l'enquête européenne. Note d'optimisme, cette prévalence a baissé de 2 points par rapport à l'année précédente, "peut-être le signe que la France initie une dynamique de baisse"

Circulez, il n'y a rien à observer

Mais ni la baisse enregistrée par Santé Publique France, ni la chute britannique de plus d'un quart de sa prévalence tabagique depuis 2011, ni l'exemple frappant de la Suède qui a atteint 5% de fumeurs, ne sont analysés. Le traitement de la question du Snus suédois est affolant: "Dans le cas de la Suède, il s’agit d’un artefact puisque les données concernent uniquement le tabac à fumer et que ce pays consomme, pour des raisons culturelles, plutôt du tabac oral (le « snus »), interdit dans le reste de l’UE". La réduction à 5% de sa part de fumeurs ainsi que des maladies liées au tabagisme correspondantes en Suède est évacuée au titre de simple "artefact" par l'OFDT !

Au moins le Snus a t-il le privilège d'être cité, car le terme de vapotage n'est simplement pas mentionné. L'outil sur lequel s'appuie les services de santé publique britanniques pour faire dégringoler le tabagisme n'est pas même évoqué. Le rapport discute de l'Islande. Mais sans dire un mot du rôle du Snus et de la vape dans l'île. Le premier, en multipliant ses ventes par quatre dans cette période, a participé à la réduction de moitié du tabagisme entre 2001 et 2014. Tandis que le vapotage a sorti 40% des fumeurs depuis 2014.

Régime pfizerien

L'OFDT cite également l'Australie, sans préciser que sa politique ultra-dogmatique est en panne depuis cinq ans. Et la Nouvelle-Zélande, en ignorant qu'elle a justement décidé de sortir de l'ornière des dogmes de l'OMS en intégrant la réduction des risques à sa politique sur le tabac. [add, oubli] Le rôle du vapotage dans l'accélération de la chute du tabagisme aux Etats-Unis - qui n'ont d'ailleurs jamais ratifié la charte anti-tabac de l'OMS -, aussi bien chez les adultes que les jeunes est également passé sous silence./ Principal trait marquant de ce rapport de l'OFDT: le grand soin pris à ne pas observer l'éléphant de la réduction des risques qui chamboule la chambre du tabagisme dans le monde. Une l'ignorance cultivée qui semble la marque de l'actuel régime pfizerien de la santé publique française.

Les prix des cigarettes n'expliquent pas grand chose

Le rapport s'attarde sur le volume de vente légale de cigarettes, nettement décorrélée du niveau de prévalence en France. En clair, un grand nombre de fumeurs s'approvisionnent hors du marché des buralistes. Au niveau européen, le rapport note de manière intéressante que les niveaux de prix des cigarettes n'expliquent que marginalement les différences de prévalence du tabagisme. Mais toujours en gardant tabou le rôle du recours plus ou moins prononcé selon les pays aux moyens de réduction des risques.

Œillères obscurantistes

Bien que le rapport expose l'échec des dogmes de l'OMS appliqués avec ferveur en France, il prophétise sur la future réussite de ceux-ci. "Le paquet neutre standardisé, et les hausses de prix prévues (...) pourraient entraîner un repli du tabagisme à long terme". La véritable tendance de l'essor de la réduction des risques est tout simplement ignorée de ce rapport, tout comme des autorités françaises. Après un repli en 2015, l'aspiration retrouvée du vapotage en France est plus probablement en train de réussir à sortir une part significative de français du tabagisme. 



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