Un communiqué de presse de l'IADR désinforme sur les résultats d'une étude sur la réduction des risques cancérigènes du vapotage

"Les vapoteurs exclusifs sont exposés à des niveaux de nitrosamines nettement plus bas que les utilisateurs des produits de tabac, en dépit d'exposition à la nicotine similaire". Les données sont claires dans le résumé de l'exposé de Benjamin Chaffee, de l'Université de San Francisco Californie, à la 96ème session de l'International Association for Dental Research (IADR) hier à Londres. Les taux de nitrosamines spécifiques au tabac (TSNA), connus pour être cancérigènes, sont très nettement plus bas chez les vapoteurs que chez les fumeurs et les autres utilisateurs de produits de tabac. Entre autres, le taux de NNAL (4-(methynitrosamino)-1-(3)-pyridyle-1-butanol) mesuré dans les urines des vapoteurs exclusifs était en moyenne de 4-pg/mg [variant de 2 à 9], contre 286-pg/mg chez les fumeurs exclusifs, et atteignant 869-pg/mg [variant de 411 à 1632] chez les usagers de produits de tabac oraux américains.

Le communiqué de presse contredit les résultats de l'étude

Pourtant, Elise Bender, chargée de comm' de l'Association international de recherche dentaire, a divulgué un communiqué de presse dont le titre affirme l'exact inverse: "L'usage d'e-cigarette et de produits du tabac lié à une augmentation du risque de cancer oral". En évitant soigneusement de citer les données de l'étude sur 6'241 participants qui montrent que les vapoteurs ont des niveaux urinaires de TSNA jusqu'à plusieurs centaines de fois moindres que les consommateurs de tabac. "Le titre de ce communiqué de presse contredit directement les résultats de cette étude. L'étude n'a pas trouvé chez les vapoteurs de niveaux de cancérigènes indiquant un risque de cancer", réagit le Pr Peter Hajek, de l'Université Queens Mary de Londres. "Le titre aurait du être "les produits du tabac mais pas les e-cigarettes sont liés à des risques de cancer" "

Taux de nitrosamines des vapoteurs similaires à des non-fumeurs

Sur la page du Science Media Centre, le Pr Peter Hajek précise que les taux mesurés chez les vapoteurs sont approximativement ceux détectés habituellement chez des non-fumeurs. Même si le résumé de l'étude, qui n'a pas encore été publiée, ne livre pas les niveaux mesurés chez les non-fumeurs. "Sans accès à l'étude évaluée par les pairs, il est difficile de mettre ces résultats en contexte", explique le Pr Paul Aveyard, de l'Université d'Oxford. L'étude semble avoir classé comme vapoteur toute personne déclarant avoir utilisé une vaporette au cours des 30 derniers jours, quelque soit la fréquence d'usage. "Le niveau de vapotage qui consiste simplement à essayer ne devrait pas réduire l'exposition aux substances cancérigènes du tabac", souligne le professeur de médecine comportementale. Selon le résumé de l'exposé de Benjamin Chaffee, 72% des usagers de vapotage du panel étaient aussi consommateurs de tabac, contre 28% de vapoteurs exclusifs. 

"Cesser totalement de fumer aussi vite que possible"

Le Pr Paul Aveyard rejoint le Pr Peter Hajek sur le caractère très rassurant des résultats pour les vapoteurs exclusifs. "L'étude montre que les personnes qui utilisent du tabac, qu'il soit oral ou fumé, présentent des niveaux élevés de cancérogènes, alors que les personnes qui utilisent des vaporettes, qui sont sans tabac, ont des niveaux très bas. Ce qui est très rassurant pour les gens qui vapotent", souligne t-il. Cependant, le cas des double-usagers, qui vapotent et fument encore, est sensiblement moins rassurant. "Les personnes qui vapotent et fument ont des niveaux de cancérogènes similaires aux fumeurs", précise le Pr Paul Aveyard.

Le Dr Ed Stephens, auteur d'une méta-analyse sur les risques cancérigènes comparés entre fumer et vapoter, insiste sur l'effet de tromperie du communiqué de presse et l'importance d'informer sur les risques de conserver une consommation de tabac. "En résumé, le fait de ne pas clarifier dans le communiqué de presse la catégorie des double usagers vapotage et tabac désinforme sur les résultats en laissant entendre que le vapotage seul comporte un risque de cancer de la bouche comparable au tabagisme. Les données ne corroborent pas cette conclusion, au contraire elles montrent clairement que les vapoteurs qui ne fument plus ont un risque beaucoup plus faible de cancer buccal lié aux TSNA que ceux qui combinent le vapotage avec le tabagisme. Le message pour les fumeurs qui prennent le vapotage pour des raisons de santé est très clair - cesser de fumer tout à fait aussi vite que possible".



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