Projet de taxe anti-vape au Royaume-Uni ? "Une stratégie très dangereuse" selon le Pr Robert West [MàJ]
Tandis que les vapoteurs se mobilisent peu en cette période estivale, les affidés de taxes anti-vape manœuvrent en coulisses. D'un côté, à peine plus de 30'000 signatures pour la pétition des associations contre les surtaxes anti-vape en Europe. De l'autre, un renfort de poids aux quatorze pays de l'Union Européenne (UE) ayant déjà implémenté une taxe contre les vapoteurs. Même si l'Italie semble toujours plus proche d'abolir cette mesure désastreuse, le gouvernement britannique projetterait de suivre le mouvement européen de taxe punitive. Révélé hier par la presse britannique, le projet de taxe anti-vape n'a pas été démenti par le Chancelier Philip Hammond. "Des sources de Whitehall [le siège du Gouvernement] ont déclaré qu'aucune décision n'avait été prise mais que rien n'était retiré de la table", rapporte aujourd'hui le Times.
"Une stratégie à très haut risque du point de vue de la santé publique"
Une liste de possibles taxes "sur les pêchés", qu'en français ses partisans préfèrent nommer "taxes comportementales", est envisagée pour financer le service de santé national (NHS). La surtaxe sur la vape pourrait être de 5%. Le Trésor espère en retirer près de 40 millions £ par an. A condition que les 2,9 millions de vapoteurs britanniques continuent de vapoter et d'acheter légalement leurs produits. "C'est une stratégie à très haut risque du point de vue de la santé publique", réagit le Pr Robert West, directeur des recherches sur le tabac à l'University College de Londres, dans le Times.
Moins de vapoteurs, plus de fumeurs
Pas d'externalité de santé
"Il n'y aucune raison valable de taxer le vapotage: il n'y a pas de risque lié au vapotage passif, il n'y a aucun signe d'effet passerelle chez les adolescents. Au contraire, le tabagisme des adolescents chute à un niveau sans précédent aux Etats-Unis, car certains attirés autrement par les cigarettes ont opté pour la vape", souligne David Pryor, directeur de l'Institut Adam Smith, dans une tribune pour le Times ce matin. "Financer le NHS en taxant le vapotage, c'est comme financer le service d'incendie en taxant les détecteurs de fumée. Le gouvernement met des vies en danger pour une bouchée de pain", s'offusque t-il, "Une taxe sur le vapotage entraînerait plus de décès liés au tabagisme".
Faut-il taxer les vélos pour lutter contre l'obésité ?
Rédacteur du Nanny State Index on Nicotine, Chris Snowdown estime dans le Sun que taxer le vapotage pour financer le NHS serait comme "taxer les bicyclettes pour payer les coûts liés à l'obésité". Chez les professionnels anglais de la vape, on tombe des nues. "Le vapotage est une énorme opportunité de santé publique qui a déjà aidé trois millions de fumeurs à arrêter ou réduire leur tabagisme. Imposer une taxe supplémentaire sur le vapotage, non seulement n'aurait pas de sens, mais ce serait préjudiciable au NHS et à la santé publique", explique Dan Marchant, du comité de l'Association de l'Industrie de la vape britannique (UKVIA).
Appel à l'action européenne
Dans le camp des usagers, la New Nicotine Alliance (NNA) condamne fermement le projet de taxe dans un communiqué de presse. "Le vapotage a été le catalyseur d'une baisse spectaculaire du tabagisme ces dernières années. Il serait hautement contraire à l'éthique que le gouvernement sanctionne financièrement les vapoteurs", déclare Sarah Jakes, présidente de la NNA*. L'organisation britannique a cosigné fin juin l'appel de 16 associations contre les taxes anti-vape en Europe et propose une page d'aide pour remplir la consultation européenne d'ici le 3 septembre. Par ailleurs, Sarah Jakes a participé en juillet à une séance du groupe parlementaire sur le vapotage à propos des opportunités de réformes à l'occasion du Brexit. Gageons que les parlementaires auront saisi le danger qu'il y aurait à une taxe anti-vape, même si elle était imposée indépendamment de Bruxelles.
* édité pour rendre compte du communiqué de la NNA à 17h50
Commentaires
Enregistrer un commentaire