[Expresso] Quel conseil à un fumeur qui veut arrêter? Etude de cas des Dr Polosa & Caponnetto
Quel conseil un médecin devrait donner à un jeune fumeur hypertendu et
en surpoids pour lâcher la clope? Une question abordée dans un article qui vient d'être publié dans Internal and Emergency Medecine en libre accès. Les Dr Riccardo Polosa et P
Caponnetto animent le Centre de prévention et soin du tabagisme de
la polyclinique universitaire de Catania, où ils intègrent le
vapotage à leur arsenal d'aide. Deux papiers publiés en juin dernier dans le New England Jounal of Medecine (NEJM) avaient déjà discuté cette question.
D'un côté, le Pr Christopher Bullen, de
l'Université d'Auckland, préconise de considérer l'aide au sevrage
par la vape. De l'autre, le Pr Stanton Glantz, de l'Université de
Californie, estime que le vapotage n'aide pas à arrêter de fumer et
recommande de décourager le patient d'essayer d'arrêter de fumer de
cette manière. Le très médiatique californien s'appuie sur une
meta-analyse largement critiquée pour sa faiblesse méthodologique,
car elle exclut les succès à l'aide du vapotage (sic!) comme expliqué par les Pr Peter Hajek et Haiden MacRobbie dans le Lancet. La star
américaine se réfère également à des études douteuses, comme
celle publiée dans le Swiss Medical Weekly par le Pr G. Gmel
d'Addiction Suisse.
En
contraste de cette position contre l'arrêt du tabagisme à l'aide du
vapotage, les deux tabacologues italiens présentent une étude de
cas. Autrement dit, les raisons argumentées pour lesquelles ils
conseillent le vapotage pour ce profil de fumeur.
«Le
patient est relativement jeune. Or
le taux de sevrage
tabagique
chez les jeunes adultes est
notoirement
très faible comme l'indique
son histoire de rechutes répétées»,
présentent
les chercheurs.
Les médicaments, notamment ceux approuvés par la FDA, sont
inefficaces pour ce type de fumeurs. «Il
n'y a aucune preuve pour appuyer la recommandation de médicaments de
sevrage tabagique pour les jeunes adultes qui fument», précisent
les auteurs. Même
si appuyer la démarche par un suivi psychologique
et une médication supplémentaire peut augmenter le taux de
réussite. La question de la rechute est systématiquement signalée
dans les guides médicaux, mais n'a pour autant pas été étudiée sérieusement. Un article de 2012 dans la même revue des auteurs, associés à la Dr
Elaine Keller et Cosimo Bruno, abordait déjà ce problème.
En
plus de sa jeunesse et de ses difficultés à arrêter de fumer, le
patient est en surpoids et suit un traitement pour l'hypertension.
80% des ex-fumeurs prennent du poids, en moyenne 4,2 kg après six
mois d'arrêt du tabagisme selon une méta-analyse produite par le
Département de la Santé américain. «Par
conséquent, il est important de considérer qu'en cas de succès, il
devra
faire face à une
prise de poids post-sevrage avec des
conséquences négatives importantes sur sa
santé. Il
faut en
particulier tenir
compte du fait que l'obésité et l'hypertension sont des facteurs de
risques
bien connus des
maladies cardiovasculaires»,
argumentent
les Dr Polosa et Caponnetto.
«Il
n'y a aucun
doute que l'arrêt du tabac se traduira par des améliorations
considérables pour sa
santé, mais
le
patient a besoin d'une approche alternative. Une option
supplémentaire est de l'encourager à passer à une source beaucoup
plus propre de nicotine. Étant donné que sa préférence
personnelle est d'essayer le
vapotage
pour arrêter de fumer, son choix doit être respecté. Le
soignant
devrait offrir un aperçu équilibré de son
rapport bénéfice/risque», estiment
les tabacologues italiens.
A
l'appui de leur recommandation, ils donnent
trois
raisons:
1)
Les
études montrent
l'efficacité du vapotage pour le sevrage tabagique chez les jeunes
et moins jeunes fumeurs.
2)
Le vapotage limite la prise de poids habituelle chez les ex-fumeurs,
comme
le montre l'étude ECLAT.
3)
Les fumeurs hypertendus peuvent voir leur tension artérielle baisser
après être passés au vapotage sur le long terme. Une étude sur 145 fumeurs passés au vapotage montre une baisse en
moyenne de plus d'un point de tension systolique après un an.
(Parenthèse personnelle, ma tension est passée de 14/9 à 12/7
après environ 18 mois de vapotage exclusif).
A
noter
que le Pr Polosa a présenté les résultats de la plupart de ces
études lors de sa conférence au VapExpo de Paris, dont
l'enregistrement vidéo devrait être disponible en ligne dans
quelques temps.
Les
auteurs concluent que dans de tels cas, plutôt que la voie de l'abstinence
dure comme le préconise le Dr Stanton
Glantz, il est préférable pour ne pas nuire au patient de le
soutenir dans son passage au vapotage. «Les
médecins doivent informer les fumeurs sur les moyens les plus
efficaces pour réduire rapidement leurs
risques.
Bien que l'arrêt du tabac peut être le résultat final le plus
souhaitable d'un point de vue de la santé, il peut être un
objectif néfaste
s'il
provoque
l'échec ou la
rechute.
Les médecins devraient envisager toutes les moyens
disponibles pour le
patient et sélectionner
ce qui donne la plus grande probabilité d'éliminer l'exposition au
tabagisme. Ceci
inclut le vapotage.
Il existe à
présent de
plus en plus de
preuves que pour
de nombreux fumeurs les
meilleurs
résultats
peuvent
être un changement à long terme vers
le vapotage. Il faut tolérer
le petit risque résiduel en contrepartie d'une plus grande
probabilité de succès.»
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