Femmes enceintes : deux fois plus de réussite pour arrêter de fumer avec la vape par rapport aux patchs

Femmes enceintes : deux fois plus de réussite pour arrêter de fumer avec la vape par rapport aux patchs

Le tabagisme durant la grossesse est indiscutablement nocif. Non seulement pour la mère, mais aussi pour le fœtus, entrainant des problèmes significativement plus nombreux à l’accouchement et pour le bébé. L’arrêt tabagique est par contre associé à une réduction de ces risques, d’autant plus s’il intervient tôt dans la grossesse. Cependant, les tentatives d’arrêt tabagique chez les femmes enceintes se soldent par des taux d’échecs très élevés, alors que l’échéance est rapprochée.

Cette problématique est prise au sérieux au Royaume-Uni où un essai clinique a été mené pour comparer le vapotage et les patchs nicotiniques comme aides à l’arrêt tabagique pour les femmes enceintes. L’essai montre la plus grande efficacité du vapotage pour arrêter de fumer et une réduction significative des cas de faible poids à la naissance qui s’ensuit. Ce qui confirme les données d’études de terrain précédentes.

Deux fois plus d’arrêts tabagiques avec la vape qu’avec les patchs

Après une première publication dans Nature Medicine en 2022, chroniquée par Vapyou, la revue Health Technology Assessment du National Institute for Health and Care Research (NIHR) présente les résultats détaillés sur 78 pages de l’essai dirigé par Dunja Przulj et le Pr Peter Hajek. Cette revue vise à donner des éléments sur l’impact et les coûts de technologie pour le National Health Services (NHS). Un panel de 1140 femmes dans leur second trimestre de grossesse, qui fumaient en moyenne 10 cigarettes par jour, a reçu pour moitié des patchs nicotiniques et pour l’autre un kit de vape avec des fioles d’e-liquides nicotinés.

L’essai clinique montre notamment que le vapotage présente une aide près de deux fois plus efficace que les patchs pour l’arrêt tabagique de femmes enceintes. Parmi les résultats, l’abstinence tabagique pendant au moins 4 semaines a été de 10,7 % avec la vape contre 5,6 % avec les patchs [RR 1,92, IC 95 % de 1,27 à 2,92]. Chez les femmes enceintes n’ayant pas arrêté de fumer, la réduction de moitié au moins du nombre de cigarettes fumées par jour est également significativement plus élevée, d’environ 50 %, dans le groupe utilisant la vape que les patchs.

Une réduction significative des naissances de faible poids dans le groupe « vape »

Cette réussite se traduit au niveau du poids des bébés à la naissance avec un effet positif significatif pour le groupe vape, où 9,6 % de bébés pesaient moins de 2,5 kg, contre 14,8 % dans le groupe patchs. « L’explication la plus probable de la découverte est que les participantes du bras Vapotage ont réduit leur consommation de tabac plus que celles randomisées aux Patchs nicotiniques », avancent les chercheurs. Les autres caractéristiques à l’accouchement étaient similaires dans les deux groupes.

17,8 % des femmes du groupe patchs ont aussi utilisé la vape

Environ 10 % des participantes ont été perdues de vue au cours du suivi. Tandis que 17,8 % des femmes assignées au groupe des patchs nicotiniques ont utilisé, de leur propre chef, le vapotage en plus, contre 2,8 % du groupe vape qui y ont ajouté des substituts nicotiniques. Les chercheurs se sont aperçus que ces « doubles usages » faisaient remonter sensiblement le taux de réussite du groupe assigné aux patchs. En les excluant des calculs, les écarts des résultats sont devenus significatifs.

Une forte adhésion au vapotage

Élément clef pour la réussite, l’adhésion à l’aide proposée a été plus élevée dans le groupe vape, avec 76,7 % des femmes enceintes à l’avoir utilisé régulièrement, tandis qu’elles étaient 51,3 % dans le groupe patchs. « Comme dans les études précédentes avec des cohortes générales de fumeurs, le vapotage semble également être une option plus attrayante que les patchs nicotiniques » pour les femmes enceintes qui fument, souligne l’équipe de chercheurs.

Goût fruité et nicotine de 11 à 20 mg/ml en majorité

Chez les utilisatrices de vape, bien que les deux premières fioles données lors de l’étude étaient à l’arôme « tabac », une majorité (52,3 %) a utilisé des goûts fruités au long du suivi. L’autre moitié des participantes se disperse en arôme « tabac » (7%), menthe ou menthol (6,4 %), gourmands (3,2 %), tandis qu’un quart des répondantes n’a pas précisé cette information aux chercheurs.

Concernant les taux de nicotine utilisés, 57,9 % ont utilisé un e-liquide entre 11 mg/ml et 20 mg/ml de nicotine, 13,7 % à 10 mg/ml ou moins, 2 % sans nicotine, et, ici aussi, près d’un quart des participantes n’ont pas donné l’information. Cependant, parmi les participantes qui ont répondu précisément aux différents suivis, les « concentrations de nicotine dans leurs e-liquides ont diminué significativement au fil du temps », précisent les chercheurs.

Un essai clinique important

Cet essai clinique dans le monde réel apporte des éléments importants sur le sujet. Le vapotage rencontre une très bonne adhésion pour tenter d’arrêter de fumer chez les femmes enceintes. Elles préfèrent en majorité un taux de nicotine à plus de 10 mg/ml et des goûts fruités, alors qu’elles ne sont que 7 % à opter pour le goût « tabac ». Le vapotage permet un taux d’arrêt tabagique au double que les patchs, et réduit significativement le taux de bébés de faible poids à la naissance. Une implication logique possible de ces résultats « est que les risques de résultats négatifs à la naissance chez les fumeurs sont dus à d’autres produits chimiques présents dans la fumée de cigarette plutôt qu’à la nicotine », soulignent les chercheurs.

Recommander la vape pour arrêter de fumer

À l’opposé des pratiques irresponsables de gynécologues en France, cette étude montre l’intérêt de proposer et permettre aux femmes enceintes qui fument d’utiliser le vapotage pour arrêter. « Chez les fumeuses enceintes qui demandent de l’aide, par rapport aux patchs de nicotine, les cigarettes électroniques sont probablement plus efficaces, ne présentent pas plus de risques pour les résultats à la naissance évalués dans cette étude et peuvent réduire l’incidence de l’insuffisance pondérale à la naissance », souligne en conclusion la recherche.

Au Royaume-Uni, « les conseils aux fumeurs fondés sur des données probantes incluent déjà, entre autres options, une recommandation de passer du tabagisme aux cigarettes électroniques . Une telle recommandation peut désormais être également étendue aux fumeuses enceintes », précise le Pr Peter Hajek, dans un communiqué de la Queen Mary University of London. Arrêter de fumer, y compris avec la vape, peut profiter à la fois à la santé des femmes enceintes et à celle de leur futur bébé.

Références :

Photo de Daniil Silantev sur Unsplash

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