Le TCRG de Bath, la cyberpolice politique de Bloomberg, cible de nouveau Vapolitique Le fichage des citoyens favorables à la réduction des risques sur Twitter lors de la COP 9 de l’OMS en 2021 par la cellule d’investigation de l’Université de Bath, financée par Bloomberg, fait l’objet d’une publication dans la revue Plos One. À défaut de choses intéressantes, le nom de Vapolitique y figure en évidence, ainsi que des tweets inattendus dénichés dans un fichier que nous n'aurions pas dû voir.

Le fichage des citoyens favorables à la réduction des risques sur Twitter lors de la COP 9 de l’OMS en 2021 par la cellule d’investigation de l’Université de Bath, financée par Bloomberg, fait l’objet d’une publication dans la revue Plos One. À défaut de choses intéressantes, le nom de Vapolitique y figure en évidence, ainsi que des tweets inattendus dénichés dans un fichier que nous n'aurions pas dû voir.

Il faut atteindre le bas de la page 17 sur les 18 de l'étude, dont l'auteur principal est Sherif Elmitwalli de l'Université de Bath (UK), pour découvrir son principal résultat. Il concerne ce que les auteurs estiment être le niveau de « toxicité » de tweets supposés être filtrés sur le thème de la réduction des risques durant la COP 9 de l’OMS en octobre et novembre 2021. « Les scores de toxicité moyens des tweets se sont révélés relativement faibles, ce qui indique que le langage utilisé dans la discussion en ligne était généralement non toxique ». C’est l’unique phrase qui précise ce résultat dans la publication en accès libre de la revue Plos One, alors que ce sujet est annoncé comme un des principaux objets de l’étude.

Auparavant, le papier de l’équipe d’Anna Gilmore, directrice du site Tobacco Tactics et du Groupe de recherche de lutte antitabac (TCRG) de l’Université de Bath (UK), insiste de longues pages sur l’influence de l’industrie du tabac sur les réseaux sociaux à propos du vapotage. Sans apporter d'éléments que ce soit le cas dans le corpus scruté par l’étude financée par Bloomberg. Pour toute démonstration, les chercheurs se contentent d’asséner que « l’utilisation du terme “réduction des méfaits” dans le contexte de la lutte antitabac s’est développée, notamment par les sociétés transnationales de tabac qui ont élargi leur portefeuille de produits pour inclure des produits ne contenant pas de tabac ». En bref, un halo d’insinuations gratuites pour donner un semblant de justification au travail de fichage politique contre des citoyens osant s’exprimer au sujet de la réduction des risques.

Protéger les cigarettiers asiatiques pour lutter contre le tabac

Le Thaïland Tobacco Monopoly et son club de football. Un exemple responsable et vertueux selon Anna Gilmore de l'Université de Bath (UK) dans un article de 2011

Il peut être utile de rappeler brièvement qui est Anna Gilmore. La chercheuse dirige le TCRG de l’Université de Bath (UK) ayant bénéficié d’un financement de 20 millions $ de Bloomberg en 2018. Ce financement a été un élément dans la construction du réseau antivape d’organisations financées par Bloomberg, dont notamment STOP à New York et le GGTC en Thaïlande. En 2011, au moment où Bloomberg se lançait dans le business de la philanthropie antitabac, Anna Gilmore co-signait, avec Martin McKee et Gary Fooks, un article faisant figure de profession de foi. Les auteurs militaient contre d’éventuelles privatisations de cigarettiers d’État, et en filigrane pour abandonner la lutte contre les cigarettiers d’État, notamment asiatiques, pour ne viser que les entreprises cigarettières privées.

Pour illustrer cette prise de position, les auteurs faisaient l’apologie du Monopole du tabac de Thaïlande (TTM). Le cigarettier possédait alors l’équipe de foot Thaïland Tobacco Monopoly F.C., et ses cigarettes étaient déjà à l’origine de plus de 100 000 décès prématurés annuels.

« L’exemple du Monopole Thaïlandais des Tabacs suggère que les monopoles d’État du tabac (SOTM) peuvent fonctionner de manière raisonnable, efficace et rentable », affirmaient Anna Gilmore, Martin McKee et Gary Fooks, pour généraliser leur propos à l’ensemble des cigarettiers d’État qui représentent une majorité des ventes mondiales de cigarettes.

Gilmore AB, Fooks G, McKee M. A review of the impacts of tobacco industry privatisation: Implications for policy. Glob Public Health. 2011;6(6):621-42. doi: 10.1080/17441692.2011.595727.

Depuis, Anna Gilmore a étendu ses cibles à l’autre secteur concurrent au tabac asiatique : les produits de réduction des risques, dont notamment le vapotage. Et en corolaire, comme l’illustre une nouvelle fois cette publication, contre les usagers, les scientifiques et les défenseurs de la réduction des risques. J’avais d’ailleurs été diffamé de manière mensongère par un chercheur de l’équipe d’Anna Gilmore à un colloque « antitabac » financé par Bloomberg à Berlin en février 2020.

Le listing disparu des tweets fichés

Le mur des méchants avec Vapolitique, vapingsaveslives, togetherforourplanet...

Cette fois, on ne peut pas parler de diffamation, mais plutôt de ciblage. Après les pages présentant des équations et algorithmes ayant servi au fichage des défenseurs du droit à la réduction des risques, l'article met en évidence le nom de Vapolitique, au centre du mur des « méchants » dans le nuage de mots illustrant les résultats de l’analyse du fichage des tweets. On notera qu’il est accompagné, en autres, de termes clefs tels que « together for our planet » [ensemble pour notre planète], « green heart » [cœur vert], ainsi que « vapingsaveslives » [le vapotage sauve des vies], « tobacco less » [sans tabac], et du nom du Pr John Britton, épidémiologiste de l’Université de Nottingham.

Par curiosité, j’ai consulté le document des « données associées disponibles » joint à l’étude publiée en ligne le 15 février. On est alors le 16 février, et selon le décompte de téléchargement sur la page, je suis le premier à consulter cette pièce. Il est possible que je sois le seul à y avoir accédé en dehors du groupe d’Anna Gilmore. Car le 17 février le document a disparu, remplacé par un listing résumant à sa manière, souvent incompréhensible, parfois biaisée, 201 tweets. Depuis, rien n’est mentionné sur la page à propos du changement de fichier ni à propos du fichier précédemment disponible, dont les auteurs savent qu’il a été téléchargé, au moins une fois.

Dans le listing, disponible de manière éphémère, 7377 tweets ont été fichés par la cellule d'investigation. Je retrouve notamment le tweet annonçant mon article à propos de la lettre ouverte à l'OMS de 100 scientifiques plaidant pour intégrer la réduction des risques à la politique antitabac.

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Cependant, je remarque d’autres tweets plus inattendus dans cette liste. Notamment, les 1342 lignes concernant ceux d’un économiste, figure d’Attac France et auteur de quelques livres selon sa mini bio sur twitter. Maxime C., est-il devenu vapoteur et défenseur de la réduction des risques ? La lecture de ses tweets ne permet pas d’en savoir plus sur cet aspect. Ils concernent les COP, y compris la COP9, mais les COP sur le climat.

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Il est vrai que Maxime C. use d’un ton agacé à propos des COP. De quoi qualifier ses tweets de « toxiques », tel que les chercheurs de l’Université de Bath définissent ce critère ?

"La toxicité dans le domaine social est définie comme la propagation d'une négativité ou d'une haine inutile qui a un impact néfaste sur le bien-être mental, l'état émotionnel et l'expérience globale de ceux qui y sont exposés. La toxicité a été mesurée dans les données filtrées des tweets de « réduction des méfaits » pour indiquer le niveau de neutralité et de raisonnabilité, et si le langage utilisé dans les discussions en ligne était nuisible, offensant ou potentiellement déclencheur pour les individus".

Elmitwalli S, Mehegan J, Wellock G, Gallagher A, Gilmore A. : Topic prediction for tobacco control based on COP9 tweets using machine learning techniques. PLoS One. 2024 Feb 15;19(2). doi: 10.1371/journal.pone.0298298.
Extrait du document des tweets fichés pour leur soutien à la réduction des risques par l'équipe de l'Université de Bath (UK)
Court extrait du document des "données associées disponibles" puis disparues, des tweets fichés par l'équipe d'Anna Gilmore. Le caviardage du nom de Maxime C. a été fait par Vapolitique, il apparaît en clair dans le document original.

Fichage politique de service privé

Que retenir de ce long papier ? Les auteurs insinuent que les défenseurs de la réduction des risques sont télécommandés par "l'industrie transnationale du tabac" sans apporter le moindre élément à ce sujet. Ils insistent lourdement sur la "toxicité" de messages sur les réseaux sociaux, pour aboutir en une phrase à constater son "faible niveau" concernant le corpus de messages sur la réduction des risques. Et ceci bien qu'ils l'aient "enrichi" de milliers de tweets concernant la COP sur le climat. Cependant, cette confusion est intéressante sur ce qu'elle montre en creux de la différence de traitement entre défenseurs de la réduction des risques et défenseurs de l'environnement.

Enfin, bien que je ne sois pas spécialiste en cybersurveillance, j'ai des doutes sur l'apport scientifique de l'étude sur ce domaine au vu des méprises qui apparaissent au fil du fichage des citoyens qu'il effectue. Les auteurs annoncent "une précision de prédiction de 91,87 %". Cependant, les seuls tweets de Maxime C. à propos des COP sur le climat représentent 18,2 % du corpus. Je n'ai pas pris la peine de dénombrer les autres hors sujets dans les tweets restant.

Plus crucial que les méprises et biais de l'analyse des tweets incriminés, le principe même d'un fichage de citoyens à leur insu pour des raisons politiques, financé par un empire financier ayant des intérêts économiques y compris auprès des grandes nations du tabac, opéré sans rigueur ni sérieux, au point que j'ai pu me procurer les données sensibles sans recours à quelconque astuce informatique, semble très inquiétant. Et navrant en regard des libertés individuelles.

Dans l'attente de la prochaine calomnie

Il y a évidemment un dernier point plus personnel. Le ciblage de Vapolitique n'est pas innocent. C'est bien entendu moins le blog que la personne qui le tient qui est visée. J'ai participé à plusieurs initiatives dans le cadre de l'évaluation, préalable à la révision, de la directive européenne sur le tabac et le vapotage (TPD), j'ai osé contacter la Médiatrice européenne, la Commission etc. Bref, je suis une cible pour le lobby Bloomberg.

Ce cadrage ressemble à un avertissement. Avant des opérations plus dures et fourbes, comme Anna Gilmore et ses collaborateurs en mènent fréquemment, à l'image de la campagne de diffamation en coulisse pour empêcher un Professeur de santé publique du service public de Norvège de participer au Colloque de l'INCa sur le vapotage en décembre 2021. Et de multiples autres faits aussi saugrenus, tels que les blacklists diffamatoires (et assez délirantes) diffusées depuis la Thaïlande etc. Au vu de leurs méthodes, je m'attends à de prochaines attaques. C'est un peu inquiétant, mais aussi un signe positif qu'on dérange ceux qui cherchent à tuer la réduction des risques.

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