La culture européenne sera t-elle privée de machines à brouillard ?
En
sera t-il fini des nuages nappant les solos de
guitares sur scènes, dans les soirées disco, pour les films ou
au théâtre en Europe à partir de l'an prochain? On peut le
craindre. En cas d'acceptation, la demande de reclassification du
propylène glycol (1,2 propanediol - PG) en "substance irritante
pour les voies respiratoires" déposée à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) pourrait rendre très difficile, si ce
n'est impossible en pratique, l'utilisation des machines à
brouillard dans les spectacles.
A
l'origine de cette initiative, dite d'harmonisation des
classifications et étiquetages (CLH) en octobre dernier, l'Office fédéral allemand pour la sécurité et la santé au travail (BAuA) exige que le liquide utilisé dans ces machines change de statut de
toxicité pour passer en Classe 3. Bien que reconnu sans danger par de nombreuses études scientifiques depuis 1942 et utilisé depuis plus de 60 ans
sans problème, le PG serait ainsi classé dans la catégorie des
toxiques après une seule exposition.
En
conséquence, les artistes et les organisateurs de spectacles tels que les concerts,
disco, théâtre ou les plateaux de cinéma et de télé, devraient
prouver l'absence de risque d'irritation du liquide utilisé dans
leurs machines à brouillard pour être autorisés à les utiliser,
selon l'analyse de Ralf Stroetmann, juriste de l'Association
allemande des techniques du spectacle et des médias - Verband für
Medien- und Veranstaltungstechnik (VPLT) -. Le VPLT s'inquiète
d'autant plus que le BAuA a agit en catimini, sans procéder à
l'habituelle consultation préalable en la matière. Malgré le court
délai de 45 jours pour intervenir devant l'ECHA, l'Association des techniciens du
spectacle a fait parvenir ses observations contre cette
reclassification.
'Quand j'entends le mot vapotage, je sors mon flingue'
Le
VPLT souligne ne pas être dupe que cette démarche a pour cible avant tout le vapotage. Comme l'expliquait fin mars le Vaping Post, le PG est un des
deux excipients principaux utilisés pour la confection des liquides
à vapoter. Le VPLT déplore que les métiers du spectacle jouissent
de si peu de considération qu'ils puissent être sacrifiés sur
l'autel de la guerre au vapotage lancée par l'Allemagne.
M. Kosinska est Secrétaire général du forum européen sur la santé publique EPHA |
Menées par la Dct Martina Pötschken-Langers, cheffe du Centre allemand contre le
cancer - Deutschen Krebsforschungszentrum (DKFZ) -, les attaques se
multiplient contre ce moyen de sortie du tabagisme adopté en masse
par deux millions d'allemands, dans un des pays au taux de tabagisme les plus élevés d’Europe, avec 30% de fumeurs, et à l'industrie pharmaceutique très influente. Au moment où les accusations de corruption systématique de la Pharma se précisent, notamment par le récent rapport de l'ONG Transparency International.
Pour
le moment, il semble que les milieux culturels du reste de l'Union
européenne, qui seraient pourtant aussi impactés par cette
reclassification, n'ont pas réagi. Mais sont-ils seulement au
courant de cette demande de reclassification? La possibilité de
faire des observations sur le sujet à l'ECHA a été close le 21
avril. Une liste réduite d'organismes accrédités peuvent encore
discuter avec le Comité d'évaluation des risques (RAC) de l'ECHA.
Mais aucune des organisations autorisées n'est dédiée ni à la
défense des intérêts des milieux culturels ni, évidemment, à
ceux des usagers ou des entreprises du vapotage.
Le
comité de l'ECHA doit rendre une décision dans les 18 mois après le
dépôt de la requête, soit au printemps 2017. La bureaucratie
Suisse visant explicitement à harmoniser ses réglementations avec
l'Union Européenne, il est possible qu'elle veuille suivre par la suite la
décision qui en résultera...
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