[Expresso] Audition du Pr John Britton, du Royal College of physicians, au sénat canadien sur le projet de loi S5
Le Canada prépare un projet de loi, intitulée S5, concernant le vapotage. Le Comité des affaires sociales du Sénat auditionne différents experts sur le sujet. Le 10 avril, le Pr John Britton témoignait. Le directeur du Centre de recherche sur le cancer britannique (UKCTAS) a participé à deux rapports du
Royal College of Physicians UK, l'un en 2007 sur la réduction des risques pour la nicotine et celui
plus focalisé sur le vapotage de 2016 (« nicotine without smoke »). On peut retrouver l'audition intégrale sur le site du Comité du sénat canadien, y compris les échanges avec les sénateurs et le Pr David Hammond de l'Université de Waterloo. Regulator Watch a mis en ligne l'intervention initiale du Pr Britton, dont je fais ici un rapide résumé traduit.
Le tabagisme est une
cause majeure de maladies et de mortalité, et d'inégalités
sociales de santé. C'est une priorité majeure de santé publique
dans tous les pays développés. Les mesures de
prévention (avertissements etc.) sont efficaces pour prévenir
l'entrée dans le tabagisme des jeunes, mais elles n'ont pas d'impact
important pour faire sortir les fumeurs du tabagisme. La situation
pour les fumeurs "établis" est plutôt pire
aujourd'hui qu'il y a 30 ans. Nous avons besoin de mesures pour aider
les fumeurs à sortir du tabagisme. Non seulement parce que cela
sauve des vies, mais aussi parce que cela va réduire le tabagisme
futur.
Vache sacrée puritaine
Il y a une vache
sacrée dans la culture anti-tabac: quitter le tabac devrait passer par l'abandon de toute consommation de nicotine. Le rapport de 2007 du RCP
argumentait déjà que ce dogme n'est pas obligatoire. Les fumeurs peuvent
continuer de consommer de la nicotine, qui n'est pas plus dangereuse
en elle-même que la caféine, en arrêtant de la fumer, procédé
par lequel se dégage la plupart des toxiques les plus délétères
et mortels liés au tabagisme.
La Suède en est un exemple. Une majeure partie des fumeurs est passée au «tabac
sans fumée» [le snus en fait], et la Suède a désormais le
plus bas taux de fumeurs des pays développés [à 9% selon cet article]. Au Royaume-Uni, le Snus est illégal, mais la vape est apparue en 2008 et est devenue
très populaire. Le gouvernement a adopté une ligne très libérale
sur le vapotage et 2,8 millions de personnes utilisent le vapotage,
dont 1,2 millions sont devenus ex-fumeurs en utilisant de manière
régulière la vape.
Promouvoir la réduction des risques
Ces exemples soutiennent
fortement une approche visant à inciter les fumeurs, qui ne veulent pas ou
n'arrivent pas à arrêter de fumer, à passer à une alternative
beaucoup moins nocive que le tabagisme. Il faut une régulation pour
s'assurer de la réduction des risques et de la sécurité du
matériel. Mais il est extrêmement important de pouvoir promouvoir ces
produits auprès des fumeurs. Par rapport au projet de loi S5, un point absolument vital est de pouvoir montrer la comparaison d'effets
sanitaires entre le tabagisme et le vapotage. Les professionnels de
santé doivent inciter les fumeurs à arrêter. S'ils n'y arrivent
pas avec les méthodes conventionnelles, il ne doit y avoir aucun
doute sur la réduction des risques avec le vapotage. Si ce message
n'est pas délivré fortement à l'opinion publique, le doute profite
au tabagisme.
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