Faut-il exiger la nicotine promise par les avertissements de l'Union Européenne ?
Depuis les entrées en vigueur dans les législations nationales de la directive (TPD) de l'Union Européenne (UE), les produits de vapotage portent des avertissements. Ainsi les emballages d'atomiseurs, de mods et de liquides se retrouvent parés depuis quelques mois de l'anxiogène mention: "La nicotine contenue dans ce produit crée une forte dépendance. Son utilisation par les non-fumeurs n'est pas recommandée". Sauf que, mis à part les liquides nicotinés, les produits de vapotage ne contiennent pas de nicotine. Or les vendeurs sont tenus à la loyauté commerciale impliquant de délivrer une information non trompeuse aux clients. En France par exemple, le code de la consommation régit ces questions. "Une pratique commerciale est trompeuse (...) lorsqu'elle repose sur des allégations, indications ou présentations fausses (...) portant sur (...) les caractéristiques essentielles du bien ou du service, à savoir: ses qualités substantielles, sa composition (...)", précise l'article L-121-2 dudit code.
Ne pas tromper
"Les avertissements "nicotine" doivent être retirés des packagings des produits matériels ne contenant pas de nicotine distribués en France", alerte Mickaël Hammoudi sur sa page Facebook. "Seuls les produits contenants de la nicotine, à savoir les réservoirs pré-remplis (limités à 2 ml s'ils contiennent de la nicotine) et les flacons de recharge d'e-liquides (limités à 10 ml lorsqu'ils sont nicotinés) doivent comporter cet avertissement", précise l'acteur de longue date de la scène vape française. "Cet avertissement est abusif, anxiogène et non-obligatoire en regard de la loi santé. L'objectif doit être de continuer à convertir des fumeurs dans un climat de confiance et dans le respect des lois", poursuit Mickaël Hammoudi avant d'appeler "grossistes, distributeurs, revendeurs et consommateurs" à interpeller les fabriquants pour qu'ils arrêtent d'apposer ces avertissements erronés.
Une vraie info de santé civique ?
En attendant, les vendeurs devraient retirer ou recouvrir cette fausse information. La remplacer par une véritable information pourrait probablement être bénéfique à la santé civique.
Mais où est ma nicotine hautement addictive ?
Reste la question des avertissements sur les liquides, ou les cigalikes pré-remplies, concernant le caractère hautement addictif de la nicotine. C'est un fait bien établi scientifiquement, le tabac est hautement addictif. Mais c'est tout aussi établi que la nicotine en elle-même est moyennement à faiblement dépendogène, d'un niveau toxicologique similaire à la caféine. Les consommateurs de gommes nicotinées sans passé tabagique deviennent très rarement dépendants du produit sur le marché depuis presque 40 ans bien que ces gommes sont enrichis de quelques additifs pour les rendre plus efficientes. La consommation courante des nombreux légumes nicotinés - tels que carottes, poivrons, aubergines, tomates, patates etc... - n’entraîne pas non plus de dépendance "nicotinique". Bien que l'action pharmacologique de la nicotine y soit déjà active, notamment dans son effet préventif contre la maladie de parkinson.
La nicotine n'explique pas à elle seule la haute addictivité du tabac. Le Pr Karl Fagerström, créateur du test de dépendance tabagique mondialement utilisé, l'a expliqué dans un article en 2011, traduit en français par UnAirNeuf.org. Avant lui, les chercheurs Hanan Frenk et Reuven Dar ont largement déconstruit le mythe de l'unique responsabilité de la nicotine dans l'addiction tabagique. Autrement dit l'avertissement obligatoire sur les liquides nicotinés est mensonger. "Cette exigence est abusive. En dehors du tabac, il n'y a pas de base scientifique pour affirmer qu'un produit contenant de la nicotine "crée une forte dépendance". Cet arrêté [français du 19 mai 2016 imposant ces avertissements] peut - et doit - être contesté par une procédure juridique adaptée", estime le site spécialisé en tabacologie UnAirNeuf.org.
Faut-il copier les cigarettiers ?
A défaut d'avoir été contestés en justice, les avertissements trônent obligatoirement sur les fioles de liquides nicotinés. Les consommateurs doivent-ils alors exiger un liquide nicotiné vraiment hautement addictif comme promis par l'avertissement de l'Union Européenne? Les producteurs doivent-ils s'inspirer de l'industrie cigarettière et se tourner vers le Commissaire Européen Vyrtenis Andriukaitis pour qu'il leur communique les 600 additifs autorisés, mais cachés aux consommateurs, renforçant l'effet addictif des cigarettes? Les vendeurs peuvent-ils être tenus responsables de diffuser cette fausse information sur la caractéristique du produit bien que ce soit l'Union Européenne qui impose cette désinformation ? ... !?!
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