Plus de la moitié des vapoteurs au quotidien ont arrêté de fumer aux USA, selon une analyse statistique
"Plus de la moitié des usagers au quotidien de vapotage (52,2%) ont arrêté de fumer durant les cinq années précédentes. C'est la prévalence la plus haute de tous les sous-groupes démographiques et comportementaux. Après ajustement aux co-variables, ce groupe était trois fois plus susceptible d'avoir arrêté de fumer au moment de l'enquête que celui des fumeur n'ayant jamais utilisé le vapotage (aPR: 3.15 [2.66, 3.73])". L'étude de Daniel Giovenco, de l'Université de Columbia (New-York), et Christine Delnevo, de la Rutgers School of public health, a analysé les données des enquêtes 2014 et 2015 du National Health Interview Survey (NHIS) en se limitant aux fumeurs actuels et aux récents ex-fumeurs. "L'utilisation du vapotage est extrêmement rare chez les ex-fumeurs qui ont arrêté avant que la vape ne soit disponible et chez les personnes n'ayant jamais fumé", précise l'étude publiée en libre accès (en anglais) dans Addictive Behaviors.
Difficile avant 2010 d'arrêter de fumer à l'aide de la vape
Des études précédentes affirmaient que le vapotage n'aide pas a arrêter de fumer en se basant sur le faible nombre d'ex-fumeurs l'utilisant. "Une limitation méthodologique à ces études est qu'elles agrègent "tous les ex-fumeurs", sans considération depuis combien de temps ils ont arrêté. Point important, le vapotage n'a pas pu jouer de rôle dans les arrêts tabagiques avant d'être sur le marché", expliquent les chercheurs pour justifier leur choix de données. "En excluant les anciens fumeurs qui ont arrêté avant que le vapotage entre sur le marché et en utilisant des mesures sur la fréquence d'usage du vapotage, nous pouvons caractériser plus précisément les relations possibles entre l'arrêt du tabagisme et l'utilisation du vapotage", précisent-ils. Estimant que l'apparition significative sur le marché américain du vapotage date de 2010, les chercheurs ont pris en compte les 15'532 personnes encore fumeurs ou ayant quitté le tabagisme après 2010 des enquêtes NHIS de 2014 et 2015.
Trois fois plus d'arrêts des cigarettes chez les vapoteurs au quotidien
Parmi l'ensemble de ces fumeurs ou récent ex-fumeurs, 25% ont arrêté de fumer. 5,1% utilisent quotidiennement le vapotage et 52,2% de ceux-ci ont arrêté de fumer. "L'usage au quotidien du vapotage est de manière consistante le corrélat le plus fortement lié à l'arrêt du tabac", soulignent Giovenco et Delveno. Les usagers au quotidien du vapotage ont eu statistiquement 3,18 fois plus de chance d'arrêter de fumer que les fumeurs n'ayant jamais essayé la vape. "Bien que la nature transversale de l'enquête interdit des assertions sur l'usage du vapotage pour l'arrêt des cigarettes, nous avons fait plusieurs hypothèses de voies plausibles pour expliquer cette découverte", discutent les chercheurs américains. La première, la plus évidente, est un usage de la vape par des fumeurs pour arrêter de fumer. La seconde est un usage de la vape par des ex-fumeurs pour éviter de rechuter dans la consommation de cigarettes.
Mais nettement moins d'arrêts chez les vapoteurs occasionnels
Alors que le vapotage au quotidien est associé fortement à l'arrêt du tabagisme, les usagers occasionnels et ceux qui ont essayé puis abandonné le vapotage sont moins enclins à l'arrêt du tabac, même par rapport aux fumeurs n'ayant jamais utilisé le vapotage. "Une partie de la communauté de santé publique s'inquiète que certains fumeurs, au lieu d'essayer d'arrêter de fumer, utilisent par intermittence le vapotage à des endroits où ils ne peuvent pas fumer", rappellent les chercheurs. Ils n'excluent pas cette interprétation , mais ils suggèrent qu'il est aussi possible que certains fumeurs "double-usagers" aient été interrogés au cours d'une tentative d'arrêt avec le vapotage.
"Sans avoir des informations plus détaillées sur les appareils utilisés, les expériences des usagers, les motifs de l'usage et d'autres facteurs individuels, les raisons du bas taux d'arrêt des cigarettes chez les usagers occasionnels et les personnes ayant essayé restent floues", considère l'article publié. Produits non adaptés à leur besoin ou peu efficaces comme les ciga-likes de 1ère génération, ou tout simplement absence d'envie d'arrêter de fumer peuvent entre autres expliquer ce maintien élevé dans le tabagisme des double-usagers et des fumeurs ayant essayé le vapotage sans persévérer.
Besoin de données plus consistantes
La nature transversale mais aussi les lacunes dans les questionnaires des enquêtes NHIS limitent l'étude. "Les futures recherches transversales et longitudinales devraient intégrer des mesures circonstanciées sur l'usage du vapotage, telles que la fréquence, les caractéristiques des appareils, ainsi que des facteurs individuels tels que la dépendance tabagique, l'intention d'arrêt de fumer et les raisons de l'utilisation du vapotage, afin de mieux comprendre la relation entre vapotage et arrêt tabagique", concluent les chercheurs.
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