Etude: les 39% de fumeurs aborigènes victimes de la prohibition du vapotage en Australie
En Australie, 39% des aborigènes et indigènes du détroit de Torres adultes fument. Près de 2,8 fois la moyenne globale en Australie en 2014. Pourtant, près de 70% des fumeurs aborigènes veulent et ont déjà tenté d'arrêter, une volonté similaire à la moyenne générale des fumeurs de l'île. Une équipe de chercheurs s'est intéressé à évaluer les usages et la connaissance du vapotage à travers l'enquête Talking about smokes ayant interviewé près de 1'300 aborigènes entre 2013 et 2014. "Moins d'aborigènes et d'insulaires du détroit de Torres ont essayé le vapotage que la moyenne des fumeurs australiens (21% contre 30%). En partie parce que moins de fumeurs aborigènes ont entendu parler de vape. Ils sont aussi beaucoup moins à reconnaître que vapoter est moins nocif que fumer (22% contre 50%)", résume l'étude publiée dans Nicotine & Tobacco Research (NTR), la revue de l'Université d'Oxford.
L'équipe menée par le Dr David Thomas, de la Menzies School Health Research, pointe la responsabilité de la prohibition de vente du vapotage nicotiné et de l'alarmisme entretenu par des leaders anti-tabac envers le vapotage en Australie. "Il y a une incompréhension considérable sur le risque relatif du vapotage par rapport à la cigarette conventionnelle, en partie à cause de l'environnement réglementaire très strict", soulignent les chercheurs. Ils évoquent une possible piste explicative complémentaire. "L'héritage du colonialisme et le racisme existant peuvent avoir alimenté une méfiance envers le vapotage, soupçonné d'être un autre produit introduit par les blancs pour rendre malades les aborigènes et générer des profits aux blancs", rapportent les chercheurs.
Donner un message plus clair sur la réduction des risques
L'enquête montre une corrélation entre l'expérience du vapotage chez les indigènes et le fait d'habiter dans une zone plus urbaine ou plus favorisée, pratiquant l'anglais à domicile et d'être plus jeune. Le fait de fumer au quotidien, d'avoir déjà essayé d'arrêter de fumer dans l'année écoulée, a fortiori par des tentatives avec substituts ou médicaments, et penser que la vape est moins nocive que la cigarette sont aussi associés positivement à l'expérimentation de vapotage. Autrement dit, le profil prédominant de l'aborigène expérimentateur de vape est celui d'un fumeur de moins de 35 ans disposé à quitter les cigarettes.
Cependant, l'enquête n'a demandé aux aborigènes que s'ils avaient déjà vapoté, mais pas s'ils vapotaient au moment de l'entretien. Il n'a pas été demandé non plus s'ils avaient utilisé de la nicotine dans leur liquide, signalent les chercheurs comme limites à leur recherche. Ils encouragent les dirigeants politiques, autorités sanitaires et professionnels de santé à "donner plus clairement le message que le vapotage est moins nocif que les cigarettes conventionnelles" et créer une réglementation en ce sens. Pour le moment, les élites font la sourde oreille aux appels à la réduction des risques. Au détriment des fumeurs, en particulier aborigènes.
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