Le Lancet publie une réfutation de la position anti-vape de l'OMS
"La nicotine sans la fumée: combattre l'épidémie tabagique avec la réduction des risques". C'est l'intitulé d'un article de quatre spécialistes de la lutte anti-tabac publié en open-access le 31 août dans le Lancet, revue scientifique pourtant connue pour ses positions conservatrices sur le sujet. Ils contestent avec force argumentation la ligne anti-réduction des risques pour laquelle l'Organisation Mondiale de la santé a opté dans son dernier rapport sponsorisé par le milliardaire Michael Bloomberg. "Le potentiel du vapotage est qu’il combine une efficacité élevée avec une large adoption par le public. Le dernier rapport de l'OMS est une occasion manquée d'adopter l'innovation et d'exploiter le potentiel des solutions de remplacement du tabac à faible risque", déplorent les auteurs.
Chut!
Les médias maintreams, qui avaient pourtant largement diffusé cet été la position anti-vape du rapport Bloomberg de l'OMS, ont black-outé l'argumentaire signé de Robert Beaglehole, professeur émérite de l'Université d'Auckland spécialiste des maladies non-transmissibles, Ben Youdan, de l'organisation anti-tabac Action on Smoking and Health New Zealand (ASH-NZ), Ruth Bonita, professeure d'épidémiologie à l'Université d'Auckland et Clive Bates, ex-directeur de l'Action on Smoking and Heath britannique (ASH-UK).
L'approche Bloomberg de l'OMS est un échec annoncé
"Le dernier rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme souligne l’importance des meilleures aides de sevrage tabagique fondées sur un modèle de traitement médical. Malheureusement, cette approche a eu un impact limité au niveau de la population en raison de sa faible adoption, et contraste avec l'approche beaucoup plus prometteuse du sevrage tabagique dirigée par le consommateur et basée sur des alternatives plus sûres au tabac fumé", soulignent les spécialistes, notant qu'à peine 4 à 5% des tentatives de sevrage brut à la nicotine réussissent. Le produits pharmaceutiques ne font guère mieux et se sont révélées sans impact significatif après plusieurs décennies sur le marché.
"Il est difficile de défendre que le modèle pharmaceutique est la meilleure pratique alors qu'il y a de plus en plus de preuves que les personnes qui utilisent le vapotage pour cesser de fumer ont de meilleurs taux d'arrêt qu'avec les phamacothérapies", arguent les militants anti-tabac, avant de souligner la clef d'une nouvelle approche contre le tabagisme. "L’impact du vapotage sur la santé publique dépendra principalement de la volonté de plus en plus de fumeurs de changer de mode de consommation de nicotine plutôt que d’arrêter complètement de fumer. Le vapotage répond aux besoins de certains anciens fumeurs en substituant des aspects physiques, psychologiques, sociaux, culturels et à l'identité liés à la dépendance au tabac".
Opter pour une politique intelligente avec la réduction des risques
Outil efficace de substitution à la cigarette, l'adoption du vapotage par les fumeurs va dépendre de son accès et de l'information sur la réduction des risques. Les produits de vape réglementés de manière intelligente réduisent d'au moins 95% les risques par rapport à fumer. Des réglementations excessivement strictes, et a fortiori des prohibitions, telles que le recommande le rapport Bloomberg de l'OMS, poussent les usagers vers les cigarettes ou un marché noir de produits de vape hors contrôle. D'où des accidents liés à des produits de vapotage de THC du marché noir survenus aux Etats-Unis après la rédaction de l'article publié dans le Lancet.
"Invoquer le principe de précaution pour empêcher l'utilisation de produits sans fumée est injustifié face au fardeau énorme des produits du tabac fumé, qui sont disponibles de manière omniprésente", préviennent les auteurs, "la réponse politique aux produits sans fumée doit être différente des stratégies de lutte antitabac existantes, qui incluent des augmentations de taxes, des interdictions de la publicité pour les cigarettes et des restrictions en amont de l'offre".
Assimiler la vape au tabac, c'est protéger le bizness des cigarettes
"Au contraire, les priorités politiques pour les produits sans fumée devraient les exempter des taxes d'accise afin de maintenir une incitation fiscale à la permutation; les réguler plutôt que d'en interdire la commercialisation afin de permettre aux produits sans fumée de contester la domination de la cigarette; organiser des campagnes d'éducation du public sur la minimisation des méfaits; ne pas forcer les vapoteurs à partager des zones fumeurs; et encourager l'utilisation de produits sans fumée comme aide à la cessation tabagique", proposent les auteurs en opposition complète avec la ligne pharmaceutique du rapport Bloomberg de l'OMS.
Avant de déplorer en conclusion: "Il est décevant que dans son dernier rapport sur le tabac, l'OMS s'en tient à une orthodoxie dépassée lorsqu'elle pourrait adopter l'innovation. En assimilant les produits sans fumée à la cigarette, elle ne fait que protéger la mainmise du commerce de la cigarette sur les consommateurs mondiaux de nicotine et va annuler le potentiel de stratégies modernes de réduction des méfaits du tabac".
Depuis, le milliardaire Michael Bloomberg vient d'annoncer investir de nouveau 160 millions de dollars pour viser à faire interdire le vapotage, tandis que les cigarettes continueront de répandre goudrons, monoxyde de carbone et les maladies liées dans la population. Et des documents internes du Secrétariat anti-tabac de l'OMS révèlent la préparation d'une grande offensive anti-réduction des risques au niveau mondial à l'occasion de son prochain Sommet anti-tabac en Hollande en 2020.
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