Spécial JIM - Accidents aux USA avec des produits frelatés: les infos qu'on trouve si on cherche
Ce matin, le Journal International de Médecine (JIM) m'étrille, en la bonne compagnie du Docteur et blogueur Jean-Yves Nau. "Vapolitique (...) n’a pour l’heure pas proposé d’informations complémentaires (voire de rectifications)", pique Aurélie Haroche sur le dossier des décès et malades aux Etats-Unis, liés selon mes informations à des produits frelatés de vapotage. Ce dont semble douter la journaliste spécialisée. Peut-être est-ce une réaction personnelle, mais il me semble étrange de pointer les éventuelles lacunes d'un blog d'un bénévole - en l'accusant à la fois de ne pas avoir publier de nouveau billet sur le sujet et de "matraquer" une information (sic!) -, sans questionner les défaillances d'information des médias professionnels et des autorités sanitaires.
Mais surtout, depuis mon dernier billet sur le sujet, rien de crédible et pertinent n'a invalidé que la source des accidents est liée à des produits frelatés de vape avec THC provenant du marché noir. Le 9 septembre, la Food and Drug Administration (FDA) a d'ailleurs publié un avertissement aux "consommateurs pour qu'ils prennent soin d'eux-mêmes en évitant les produits de vape au THC" qui au niveau fédéral sont illégaux.
Des faits
Je maintiens que l'AFP a caché au public francophone que dés le 25 juillet, le frère de la première victime décédée avait révélé devant les caméras de Fox6 qu'il utilisait des produits frelatés du marché noir. Cette omission est clairement de la désinformation. Et Aurélie Haroche ne présente aucun élément invalidant cette catastrophe de santé publique que représente la désinformation sensationnaliste des médias mainstreams français sur ce dossier, à l'exception heureuse de Libération.Mais surtout, depuis mon dernier billet sur le sujet, rien de crédible et pertinent n'a invalidé que la source des accidents est liée à des produits frelatés de vape avec THC provenant du marché noir. Le 9 septembre, la Food and Drug Administration (FDA) a d'ailleurs publié un avertissement aux "consommateurs pour qu'ils prennent soin d'eux-mêmes en évitant les produits de vape au THC" qui au niveau fédéral sont illégaux.
Le Département de Santé de l'Etat de New-York avait précédemment laissé fuiter que les malades avaient pour la quasi-totalité reconnu avoir consommé des produits illicites de vape au THC du marché noir, puis a précisé qu'un additif huileux de vitamine E était probablement en cause, dans la Washington Post. A noter que plusieurs des malades qui n'avaient dans un premier temps pas osé "avouer" avoir consommé ce type de produits illégaux, l'ont ensuite reconnu.
Du côté britannique, les autorités de santé, qui cultivent un sens de la responsabilité un peu plus élevé que leurs homologues européennes, ont communiqué officiellement sur le sujet. "Notre conseil sur le vapotage reste inchangé: le vapotage n'est pas totalement sans risque mais il est beaucoup moins nocif que de fumer. Il n'y a aucune situation dans laquelle il serait mieux pour votre santé de continuer de fumer plutôt que de passer complètement au vapotage", précise le Public Health England. Certes, il faut lire l'anglais (peut-être le JIM pourrait-il se doter d'un outil de traduction online ?) :
Sur le site gouvernemental Science Media Centre, la Pr Linda Bauld, de l'Université d'Edimbourgh, et le Dr Lion Shahab, de l'University College London, reviennent sur le sujet. Soulignons l'avertissement de l'expérimentée Linda Bauld sur l'effet pervers que pourrait avoir une prohibition des arômes de vapotage. "Ce qui me préoccupe, c'est que si la plupart des produits de vapotage se retrouvent interdits aux États-Unis, alors les fumeurs retourneront au tabac et, pour ceux qui ne le feront pas, la demande pour des produits au marché noir va augmenter. Un marché illicite florissant est beaucoup plus susceptible de nuire à la santé que de rechercher une réglementation proportionnée du type que nous visons en Europe".
Un peu de logique face à l'idiocracie peut-être ?
Mais en plus des éléments factuels sur les cas, une réflexion assez simple sur la survenue de problèmes concentrés dans un laps de temps très court par rapport à un produit utilisé depuis 2003 suffit. Le 5 septembre sur son blog, le Dr Konstantinos Farsalinos a présenté l'hypothèse de faire comme si nous ne savions rien de l'usage de liquides frelatés du marché noir par les malades. "Alors, utilisons des principes d'épidémiologie simples pour comprendre l'épidémie récente", précise t-il avant de rappeler que, populaire depuis 2009, le vapotage est utilisé aux Etats-Unis par environ 10 millions de personnes, âgées en moyenne d'environ 40 ans, sans vague de problèmes sanitaires.
"Les autorités [américaines] ont précisé qu'il s'agit de cas aigus. Bien que divers médias aient présenté cette maladie comme une mystérieuse maladie pulmonaire, il s'agit en fait d'un empoisonnement des poumons qui se traduit cliniquement par une insuffisance respiratoire grave", explique t-il. "Ces cas ne sont pas liés à des produits de vapotage disponibles depuis des années aux États-Unis et sur le marché mondial. Cela n'a absolument aucun sens que les mêmes produits qui ont été utilisés pendant des années par des millions de personnes et qui n'ont jamais provoqué d'épidémie soient la cause aujourd'hui d'une maladie aiguë ", ajoute t-il, "ces cas ne sont pas liés à des produits qui sont généralement utilisés par le vapoteur lambda. Aux États-Unis, l'âge moyen des vapoteurs adultes est différent de celui des adultes ayant souffert de cette affection aiguë".
Enfin, la soudaineté de la vague de malades indique que "ces cas sont liés à la sortie récente de nouveaux produits (qui n'étaient pas disponibles sur le marché auparavant), à une modification récente de la composition de produits précédemment disponibles sur le marché, ou à un problème récent de processus de fabrication ou de matériaux de produits qui étaient auparavant disponibles sur le marché". Le Dr Farsalinos déplore que "ces conclusions, dérivées de l'application de principes d'épidémiologie simples, ont été largement ignorées par la plupart des autorités, des régulateurs et des scientifiques. Au lieu de cela, nous assistons à une campagne persistante, frénétique et sans précédent contre la vapotage classique, (...) si intense et si injustifiée du point de vue épidémiologique qu’elle dépasse la définition du biais de confirmation".
"Les autorités [américaines] ont précisé qu'il s'agit de cas aigus. Bien que divers médias aient présenté cette maladie comme une mystérieuse maladie pulmonaire, il s'agit en fait d'un empoisonnement des poumons qui se traduit cliniquement par une insuffisance respiratoire grave", explique t-il. "Ces cas ne sont pas liés à des produits de vapotage disponibles depuis des années aux États-Unis et sur le marché mondial. Cela n'a absolument aucun sens que les mêmes produits qui ont été utilisés pendant des années par des millions de personnes et qui n'ont jamais provoqué d'épidémie soient la cause aujourd'hui d'une maladie aiguë ", ajoute t-il, "ces cas ne sont pas liés à des produits qui sont généralement utilisés par le vapoteur lambda. Aux États-Unis, l'âge moyen des vapoteurs adultes est différent de celui des adultes ayant souffert de cette affection aiguë".
Enfin, la soudaineté de la vague de malades indique que "ces cas sont liés à la sortie récente de nouveaux produits (qui n'étaient pas disponibles sur le marché auparavant), à une modification récente de la composition de produits précédemment disponibles sur le marché, ou à un problème récent de processus de fabrication ou de matériaux de produits qui étaient auparavant disponibles sur le marché". Le Dr Farsalinos déplore que "ces conclusions, dérivées de l'application de principes d'épidémiologie simples, ont été largement ignorées par la plupart des autorités, des régulateurs et des scientifiques. Au lieu de cela, nous assistons à une campagne persistante, frénétique et sans précédent contre la vapotage classique, (...) si intense et si injustifiée du point de vue épidémiologique qu’elle dépasse la définition du biais de confirmation".
Se documenter ou hurler pour vendre de la peur?
Mais le Dr Konstantinos Farsalinos n'est le seul, d'autres experts médicaux reconnus soulignent la source frelatée des produits en cause. Même des français. Le Dr Bertrand Dautzenberg, pneumologue un peu connu en France, a insisté à plusieurs reprises, notamment sur Europe 1 et lors d'un débat sur France 24 où il confirme l'information de Sébastien Beziau représentant de l'association Sovape. Mes lecteurs en ont déjà probablement pris connaissance, mais insistons pour le JIM au cas où le journal disposerait d'une connexion internet (?) : la Dre Marion Adler a également expliqué très clairement les choses sur France Culture, tout comme Jacques Le Houezec dans Ouest-France, et le Dr Gerard Mathern sur RTL. Ainsi que le Pr Antoine Flahault, de l'Institut de Santé Globale de l'université de Genève, dans les Echos où il rappelle l'histoire du concombre espagnol.
Du côté britannique, les autorités de santé, qui cultivent un sens de la responsabilité un peu plus élevé que leurs homologues européennes, ont communiqué officiellement sur le sujet. "Notre conseil sur le vapotage reste inchangé: le vapotage n'est pas totalement sans risque mais il est beaucoup moins nocif que de fumer. Il n'y a aucune situation dans laquelle il serait mieux pour votre santé de continuer de fumer plutôt que de passer complètement au vapotage", précise le Public Health England. Certes, il faut lire l'anglais (peut-être le JIM pourrait-il se doter d'un outil de traduction online ?) :
Our advice on e-cigarettes remains unchanged - vaping isn’t completely risk free but is far less harmful than smoking tobacco. There is no situation where it would be better for your health to continue smoking rather than switching completely to vaping https://t.co/UFIQdCY0ry— Public Health England (@PHE_uk) September 12, 2019
Sur le site gouvernemental Science Media Centre, la Pr Linda Bauld, de l'Université d'Edimbourgh, et le Dr Lion Shahab, de l'University College London, reviennent sur le sujet. Soulignons l'avertissement de l'expérimentée Linda Bauld sur l'effet pervers que pourrait avoir une prohibition des arômes de vapotage. "Ce qui me préoccupe, c'est que si la plupart des produits de vapotage se retrouvent interdits aux États-Unis, alors les fumeurs retourneront au tabac et, pour ceux qui ne le feront pas, la demande pour des produits au marché noir va augmenter. Un marché illicite florissant est beaucoup plus susceptible de nuire à la santé que de rechercher une réglementation proportionnée du type que nous visons en Europe".
JIM, vous allez me donner combien pour faire votre taf ?
En bref, à moins d'être dans une tour d'ivoire imperméable, il est difficile aujourd'hui de ne pas savoir que mes indications datant de deux semaines sur l'origine par des produits frelatés du marché noir des problèmes survenus aux Etats-Unis sont confirmées par les experts compétents sur le sujet.
Je me dois de préciser que ma première hypothèse, présentée comme telle, sur le rôle du fongicide Myclobutanil semble s'effacer pour une plus probable source lipidique, liée à un additif de vitamine E ajouté par les dealers pour tromper les clients sur la qualité en concentration de cannabis des produits. Leafly, site spécialisé sur le cannabis, fait un point éclairant et assez complet sur le problème.
Pour information, les forces de police du Wisconsin ont arrêté le 5 septembre deux suspects pour la vente des produits frelatés en cause.
Honnêtement, je devrais facturer ce blog au JIM pour faire le boulot de documentation qu'ils ne font pas eux-mêmes pour leurs lecteurs.
add 17h30 : Ce tweet du Pr Micheal Siegel confirme qu'aux Etats-Unis, les parties concernées du domaine du cannabis agissent plus promptement que les autorités préférant viser une prohibition du vapotage non cannabique
Je me dois de préciser que ma première hypothèse, présentée comme telle, sur le rôle du fongicide Myclobutanil semble s'effacer pour une plus probable source lipidique, liée à un additif de vitamine E ajouté par les dealers pour tromper les clients sur la qualité en concentration de cannabis des produits. Leafly, site spécialisé sur le cannabis, fait un point éclairant et assez complet sur le problème.
Pour information, les forces de police du Wisconsin ont arrêté le 5 septembre deux suspects pour la vente des produits frelatés en cause.
Honnêtement, je devrais facturer ce blog au JIM pour faire le boulot de documentation qu'ils ne font pas eux-mêmes pour leurs lecteurs.
add 17h30 : Ce tweet du Pr Micheal Siegel confirme qu'aux Etats-Unis, les parties concernées du domaine du cannabis agissent plus promptement que les autorités préférant viser une prohibition du vapotage non cannabique
The cannabis industry has sprung into action to eliminate vitamin E acetate THC products from dispensaries and to warn kids in no uncertain terms not to vape black market THC. They are doing the @CDCgov's job. The @FDATobacco doesn't have jurisdiction and is not to blame.— Michael Siegel (@mbsiegel) September 14, 2019
add 18h: j'ai oublié de mettre en lien cet article d'hier de la Royal Society of Chemistry britannique qui fait le point également sur le sujet: Deaths from vaping-linked lung disease in US connected to vitamin E additive
add 22h: puisque j'en suis à faire la documentation... le Gouverneur de l'Etat de New-York a délivré des mandat de comparution pour trois entreprises commercialisant les fameux additifs huileux à la vitamine E, selon le Washington Post du 9 septembre:
https://www.washingtonpost.com/health/2019/09/09/new-york-subpoena-firms-selling-substances-linked-illicit-vaping-products/?arc404=true
add 22h: puisque j'en suis à faire la documentation... le Gouverneur de l'Etat de New-York a délivré des mandat de comparution pour trois entreprises commercialisant les fameux additifs huileux à la vitamine E, selon le Washington Post du 9 septembre:
https://www.washingtonpost.com/health/2019/09/09/new-york-subpoena-firms-selling-substances-linked-illicit-vaping-products/?arc404=true
J'ai lu qu'un député écolos veut durcir la réglementation en Europe. Ils vont y arriver à nous taxer.
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