Un livre met à nu méthodes et motivations des antivapes en France

« La face cachée des antivapes » est le premier livre à disséquer les méthodes et dévoiler les raisons inavouées des opposants à l’outil de réduction des risques en France. Levons tout suspense, l’ouvrage est incontournable. De manière évidente pour l’ensemble des acteurs concernés par le sujet, qu’ils soient professionnels de vape, professionnels de santé, utilisateurs ou journalistes. L’arrière-fond de l’enjeu sur la première cause évitable de maladies et de mortalité prématurée, alors que la stratégie antitabac conventionnelle est en échec complet en France, en rend la lecture utile à tous citoyens sensibles aux questions de santé publique. Son analyse pointue devrait aussi intéresser des chercheurs autour des questions sociales, de science et technologie. 

Publié à compte d’auteur, « La face cachée des antivapes : Motivations inavouées & stratégies de désinformation des détracteurs de la cigarette électronique » de Vincent Cuisset et Charly Pairaud se trouve en vente sur Amazon au format électronique kindle (9,90 €) ou sur papier broché (18 €). Un extrait d’une vingtaine de pages est consultable avant achat sur le site. 

Décrypter les sophismes des antivapes

Vincent Cuisset et Charly Pairaud sont depuis plus de dix ans des figures du monde professionnel de la vape française, piliers complices de la firme d’e-liquide VDLV et du laboratoire Ingésciences. Mais leur livre n’a rien d’une brochure marketing. Au contraire, il mobilise des outils allant de la philosophie à la sociologie pour analyser la dynamique toxique de la « contre-révolution » antivape. Reflet de la formation d’ingénieurs et scientifiques des auteurs, l’ouvrage est sérieux, assis sur une argumentation solide et des faits sourcés. Cependant, sa langue claire et abordable rend le livre très didactique. Cela en fait un outil efficace d’autodéfense intellectuelle à la portée de l’ensemble des acteurs. 

Exemplaires à ce titre, les pages analysant les sophismes à l’œuvre dans deux extraits d’auteurs antivapes peuvent même être de ludiques introductions à la logique. Armé du petit essai sur « L’art d’avoir toujours raison » du philosophe allemand Arthur Schopenhauer, le détricotage d’un blog de Stanton Glantz et de l’introduction d’un article de Stéphane Horel ressemble à un jeu. L’ingénieur aéronautique américain, reconverti dans la lutte antitabac puis antivape, coche huit des stratagèmes et sophismes listés par Schopenhauer. Tandis que la journaliste du Monde use de sept astuces rhétoriques en une douzaine de lignes au bingo de la malhonnêteté intellectuelle.

"Seule la religion est infalsifiable ; la certitude n’existe que dans la foi. C’est bien là le problème posé par les antivapes : leurs propres certitudes et leur exigence de certitude. Cette exigence irrationnelle est d’ailleurs au cœur des raisonnements complotistes ; elle permet de n’avoir jamais tort en faisant en sorte que l’autre n’ait jamais totalement raison. L’exigence de certitude est donc aussi parfois stratégique. La demande de certitude est une stratégie de lobbying ; aujourd’hui mobilisée par les antivapes, elle a paradoxalement fait la force de l’industrie du tabac"V. Cuisset & C. Pairaud, La face cachée des antivapes (p. 230).

Les dynamiques de la « contre-révolution » 

Au fil des chapitres, l’ouvrage va au-delà des trucs et astuces pour dénigrer la réduction des risques et produire du doute sur la vape. Il expose la nébuleuse antivape et met en évidence les articulations entre des dynamiques hétérogènes qui se renforcent mutuellement pour la générer. Elle associe le dévoiement de la lutte antitabac en combat contre la réduction des risques aux intérêts mercantiles des multinationales de la pharmaceutique et du tabac, s’appuie sur une dynamique corporatiste et sensationnaliste des médias, et, enfin, nourrit les intérêts financiers et politiciens de court terme des États et décideurs politiques. 

À une exception près, le travail s’appuie essentiellement sur ce que les journalistes d’investigation appellent des sources ouvertes. En ceci, il ne dévoile pas un complot secret, mais bien des effets de système. Sous la plupart des aspects, la réaction antivape était prévisible. Le mouvement d’usagers hors de la cigarette met en péril des flux financiers gigantesques et des carrières construites sur un discours d’abstinence renversé par l’essor d’un moyen d’arrêter de fumer ni pénitent, ni pharmaceutique, ni inefficace. Le passage en revue détaillé au fil des chapitres permet au final d’en avoir une vision globale structurée.

Bloomberg, le parrain 

Dans le tableau dévoilé, le détail sur le rôle de première importance de l’oligarque Michael Bloomberg est probablement le moins éclairci. À leur décharge, les auteurs sont là victimes de l’ahurissant tabou sur le multimilliardaire américain. Écrire de manière gênante pour Bloomberg aux États-Unis entraine harcèlements physiques et psychologiques, comme dans le cas de Leta Fincher, ou simplement la disparition professionnelle de l'impertinent. En résulte une absence d’investigation sérieuse sur une des plus colossales fortunes mondiales. 

Indice de cette interdiction non écrite aux États-Unis, les auteurs ont dû s’appuyer sur un travail autrichien pour nourrir ce passage. De toute évidence, la plupart des éléments sur les intérêts et les réalités du pseudo philanthrope restent cachés à l'heure actuelle, et il faudra probablement attendre son décès pour que les langues osent se délier. Il serait injuste de rendre responsables les auteurs de la Face cachée des antivapes de cette omerta oligarchique sur le grand financier de la guerre à la vape, mais c’est un point qui reste un peu flou dans leur tableau très éclairant par ailleurs.

Les fluides face aux digues

Un risque à toute description d’un dispositif de pouvoir est l’effacement de ce qui lui échappe. La critique adressée par Michel de Certeau aux travaux de Michel Foucault, que je paraphrase de mémoire, pourrait s’appliquer au livre de Vincent Cuisset et Charly Pairaud. Le focus sur les rouages de la machine antivape tend à faire disparaitre la résilience, les esquives, les contournements, en bref le vivant qui lui résiste. Les auteurs anticipent ce risque en soulignant le caractère d’autodéfense de leur acte de dévoilement.

« En écrivant ce livre, nous avons voulu identifier les problèmes ; et, en l’occurrence, identifier les problèmes c’est déjà contribuer à les résoudre. Chacun peut désormais décrypter les faits alternatifs proposés par les antivapes, les demi-vérités, les stratégies retorses et contribuer à les rendre visibles », V. Cuisset & C. Pairaud, La face cachée des antivapes (p. 229).

Un second élément avancé par les auteurs est la charge subversive de l’expérientiel. Le vapotage en se répandant annihile, par sa connaissance en pratique, les théories fumeuses des tenants de sa répression. Quel tabacologue au contact de patients peut encore honnêtement adhérer au discours niant l’aide apportée par la vape pour arrêter de fumer ? Combien de fumeurs ont ironisé sur ce « bidule », dont ils avaient entendu à la télé que « c'est pire que fumer », avant d’oublier leur paquet de cigarettes et se remettre à respirer pleinement après être passés à la vape ? Sur le terrain, le complexe antivape est un géant d'argile dont les pieds se désagrègent au contact du réel. 

Cependant la fluidité des savoirs profanes peut buter sur l’endiguement brut des interdictions. C’est la séquence politique qui s’ouvre à présent avec les offensives pour interdire les arômes, entraver l’accès par des taxes ou multiplier les restrictions matérielles pour dénaturer le vapotage. Le temps des tempêtes souffle sur la vape et le droit à la réduction des risques. Pour l'affronter, la 'Face cachée des antivapes' se présente en boussole utile, si ce n’est indispensable. 


Commentaires

  1. Questions qui fâchent? Combien d'exemplaires vendus? Combien de revues en dehors des sites pro-vape? et surtout, quelles conclusions et propositions concrètes formulent les auteurs? en fait, rien que l'espoir que le livre ouvrira les yeux (de qui?) sur les "opposants malveillants à la vape'(page 233). Je crois rêver devant tant de naiveté. Un bon décryptage qui ne débouche sur rien de concret et aucune autocritique de la faiblesse/nullité de la conscience politique des milieux de la vape, de leur absence de relais politiques. Navrant. Il semble impossible de faire prendre conscience aux 'responsables' de la vape de la nécessité de s'engager envers les politiques :(sans ce contenter d''un énième communiqué de presse qui va illico au panier. Vore pour inspiration, une fois de plus, les anglais. Avec leur groupe parlementaire pro-vape.

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