L’Alliance contre le tabac lance une opération troll durant les Jeux Olympiques pour 1,6 million d’Euros
Derrière l’opération de dénigrement de « l’industrie de la nicotine » que l’Alliance contre le tabac (ACT) va lancer pendant les Jeux Olympiques, les véritables cibles sont-elles la filière française de la vape et le droit à la réduction des risques ?
Dans les prochains jours, un personnage fictif va surgir sur les réseaux sociaux. Nous pouvons vous révéler son nom de scène : « Nico Tine » ou « Nick O'Tine » au gré des pseudonymes disponibles sur les plateformes Twitter, Instagram et Tiktok. Son mode opératoire : « troller » les athlètes des Jeux Olympiques. Le personnage, incarné par un acteur professionnel, doit être « arrogant, vorace, cynique et sans pitié » selon le script de l’opération. Pour créer une résonance médiatique à l’opération, Samuel Etienne fera un interview du personnage fictif sur sa chaîne Twitch. Puis d’autres influenceurs — tels que Domingo, Laura Felpin, Hakim Jemili,… — diffuseront des « réacts » en apparence spontanées.
Usine à trolls subventionnés
On le voit, l’opération est minutieusement orchestrée. Elle n’est pas le projet des services russes pour salir ou déstabiliser la France à l’occasion des Jeux Olympiques. Non, le commanditaire de l’opération est la très subventionnée Alliance contre le tabac (ACT). L’ACT y consacre 1,6 million €. Son objectif : dénigrer et rendre détestable « l’industrie de la nicotine ». Aux côtés du trollage sur les réseaux sociaux et des pseudos réactions de streamers, le mandataire de l’ACT a programmé un publireportage dans le quotidien sportif l’Équipe, une campagne d’affichage et un « dernier coup » en « incrustant » le personnage Nico Tine dans la cérémonie de clôture des JO.
1,6 million €, mais pour quoi ?
Il y a de quoi s’interroger. Dans le contexte hyper sécuritaire où les Parisiens sont encagés et scannés à tout-va, introduire un acteur dans la cérémonie de fin des JO suppose des complicités à haut niveau. Dépenser 1,6 million € dans une telle opération, sur les 22 millions de subventions perçues par l’ACT depuis 2017, questionne également. On s’est habitué à ce que l’ACT soit l’organisation chouchou de la Mildeca (Mission interministérielle sur les addictions), qui applaudit et rallonge les subventions à chacun de ses bides, mais tout de même... Est-il vraiment pertinent de dénigrer des athlètes des Jeux Olympiques en les amalgamant par troll à un personnage « détestable » ? On a du mal à voir le sens…
Les Jeux Olympiques ni, à ma connaissance, aucun athlète ne sont sponsorisés par l’industrie cigarettière. Si l’opération de l’ACT se focalise sur le dénigrement de l’industrie de la nicotine à l’occasion des JO en France, ce n’est évidemment pas pour dénigrer les multinationales cigarettières déjà totalement discréditées. La cible dans ce contexte, c’est l’industrie locale de la nicotine, à savoir la filière française du vapotage. Un ensemble d’entreprises indépendantes des cigarettiers et qui représente près de 15 000 emplois directs et indirects.
Dénigrer avant d’éliminer
Ces entreprises, dont certaines depuis près d’une douzaine d’années, ont permis l’essor du moyen de réduction des risques par lequel plus de 3 millions de Français sont sortis du tabagisme. Or, pour des raisons qui ne sont ni de santé publique, ni d’intérêt national, le pouvoir macroniste, en l’absence de facto de véritable gouvernement, a décidé de détruire cette filière au profit des intérêts de l’Allemagne, second producteur mondial de cigarettes. Cette décision s’est traduite par la prise de position de la France en soutien à l’interdiction de la vape aromatisée dans toute l’Union européenne (UE) lors du Conseil européen du 21 juin dernier.
L’opération troll de l’Alliance contre le tabac prend alors tout son sens sur cet horizon. Donner l’impression par une chambre d’écho médiatique de l’horreur, du « cynisme », de la « voracité » d’une industrie que l’on veut éliminer. Ceci en coordination à la mise sous l’éteignoir des entreprises de vape et des associations de réduction des risques par des organisations satellites de l’ACT. Procès-bâillon du CNCT contre le blog Vap'You, menaces de DNF contre les entreprises de vape, etc. Il s’agit de faire disparaitre que le vapotage offre un moyen de consommer de la nicotine sans les risques produits par les cigarettes pour l’amalgamer au tabac et ses morts.
Samuel Etienne est-il capable d’un sursaut éthique ?
Le projet est clair. Il est aussi cynique et impitoyable que ce que ses auteurs projettent dans leur personnage fictif de Nico Tine. Mon impression est qu'il a tout du tigre de papier, un événement ultra localisé au sein de la bulle médiatique sans prise sur la population réelle. Cependant, c’est dans cette bulle que les décideurs évoluent et c'est l'objectif de l'ACT : créer un micro-climat favorable à l'élimination légale du moyen de réduction des risques.
N’y a-t-il rien à espérer pour autant ? On peut se demander si Samuel Etienne, tête de gondole du déploiement médiatique de l’opération, aura un sursaut d’honnêteté et d’indépendance digne de son passé de journaliste. Peut-être se souvient-il des principes déontologiques de la charte de Munich ? Si c’était le cas, il pourrait donner la parole à des représentants de la filière vape ou des associations de défense du droit à la réduction des risques, voire de tabacologues de terrain qui font réellement arrêter des gens de fumer.
Face au portrait monstrueux dessiné par contumace, osera-t-il y opposer un acteur réel en invitant, par exemple, un Charly Pairaud et son projet de production verte de nicotine à VDLV ? Ou un des frères Martzel sur l’histoire d’Alfaliquid, cette entreprise familiale née de l’arrêt du tabac ? Peut-être Jean Moiroud, de la Fivape, et sa vision globale des enjeux et des perspectives de la filière française ? Ou, soyons fous, Claude Bamberger de l’AIDUCE pour défendre le droit de ne plus fumer aujourd’hui en s’aidant de la vape ? Une tabacologue comme la Dre Marion Adler ?
Je pourrais allonger la liste de propositions. En réalité, n'importe laquelle parmi les millions de personnes qui ont arrêté de fumer avec la vape est plus pertinente sur le sujet qu'un personnage fictif dénigrant… Dans le réel, 75 000 personnes meurent d'une maladie provoquée par le tabagisme chaque année, plus de 13 millions de personnes fument en France, mais 3 millions ont réussi à arrêter grâce à la vape. Et ce sujet social et sanitaire majeur n'est ni fictif ni du troll vaseux.
Références:
- Livre blanc inter-associatif MERCI LA VAPE http://www.iurls.net/mercilavape
- Pr Robert Beaglehole, Ruth Bonita : Harnessing tobacco harm reduction, in Lancet 2024, DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(24)00140-5
- Charte déontologique du journalisme dite de Munich https://cfdt-journalistes.fr/charte-deontologique-de-munich/
Le tabac tue 75000 fumeurs par an. L’Alliance contre le tabac (ACT) avec laquelle je ne suis pas toujours 100% d’accord, veux comme Vapolitique réduire la consommation de tabac en France.
RépondreSupprimerL’ACT ne fait pas la promotion de la vape, mais annonce clairement que la vape est un outil utile pour l’arrêt du tabac et comme la Société Française de Tabacologie, le Respadd, la Fédération addiction recommandent chez les fumeurs son usage dans cette situation et recommandent que la prise de nicotine soit suffisante afin d’éliminer le double usage de cigarette et de vape qui n’apporte pas de bénéfice sanitaire.
Donc sur l’essentiel du fond il y a accord entre les acteurs de la vape et l’ACT
Il reste des différences mais qui sont accessoires au regard de l’essentiel
ACT a lutter contre la puff en insistant sur le côté environnemental et de mon point de vue les petites e-cigarettes à cartouche sont bien adaptées aux fumeurs qui veulent arrêter qui switch facilement de la puff à ces produits. La fin des jetables ne pas plus nuire à la vape que la disparition des couverts en plastique n’a nuit aux fast-foods.
ACT lutte contre les arômes, alors que pour moi les arômes aident à rendre l’arrêt du tabac par la vape plaisant (et très probablement bien que les preuves ne soient encore qu’incomplète, que les arômes favorisent le détournement de la cigarette vers la vape chez les adolescents). Le mieux bien entendu étant que les adolescents ne prennent pas de nicotine. De plus l’interdiction de vente avant 18 ans est soutenue par l’industrie de la vape comme par l’ACT).
ACT a des divergences sur les limites de l’interdiction de fumer, est énervée des pubs agressives sur internet, dont certaines m’énervent aussi beaucoup et milite pour la fin du tabac qui devrait entrainer la fin de la nicotine. Si après la fin du tabac l’ACT n’aura plus de raison d’être, en attendant la fin du tabac, l’ACT a toute sa légitimité surtout dans le monde du sport ou les pressions de l’industrie du tabac (…et de l’alcool) sont très puissantes.
Il est pour le moins regrettable que vapolitique essaye de nuire aux campagnes générales de l’ACT et ne concentre pas ses attaques sur les points techniques où existent de vraies divergences et surtout il est peu admissible de divulguer par l’obtention d’information par des méthodes qui apparaissent liées a des méthodes d’espionnage des information visant à saboter la lutte contre le tabac qui est une lutte globalement commune des acteurs de la vape et de l’ACT.
Pr Bertrand DAUTZENBERG Coordinateur du rapport e-cigarette remis à la Ministre de la santé en 2013 et ancien président bénévole commission AFNOR e-cigarettes, e-liquides bdautz.fr