Dix associations internationales de médecins et d'usagers publient un texte de consensus pour la réduction des risques


A l'initiative de l'association d'experts Smoking Control & Harm Reduction (SCOHRE), un texte de consensus a été cosigné avec des représentants de neuf autres organisations des domaines de la santé, de la lutte antitabac ou d'usagers de moyens de réduction de risque (liste en fin de texte). Publié ce 21 mars, le texte est issu des discussions au 5e Sommet scientifique sur la réduction des risques face au tabagisme, organisé par SCOHRE, à Athènes (Grèce) en septembre 2022. Nous vous proposons notre traduction du texte original en anglais disponible sur le site du Sommet. Nous avons ajouté des sous-titres.

Consensus des associations en faveur de la réduction des risques mené par SCOHRE

Malgré la connaissance des effets nocifs du tabagisme sur la santé et la mise en œuvre d'efforts de lutte contre le tabagisme depuis des décennies, plus d'un milliard de personnes fument dans le monde et plus de 7 millions meurent prématurément chaque année de maladies liées au tabagisme. Nous croyons que les stratégies de lutte contre le tabagisme doivent être repensées pour inclure la réduction des méfaits. Les produits alternatifs à moindre risque doivent être encouragés, en plus des mesures traditionnelles de sevrage tabagique et de prévention du tabagisme.

La nicotine a un potentiel addictif mais joue un rôle mineur dans l'énorme mortalité liée au tabagisme. C'est une substance addictive, mais elle a été utilisée avec succès dans le contrôle du tabagisme et le sevrage tabagique en tant que médicament.

Il est impératif de fournir à toutes les parties prenantes des informations scientifiques et équilibrées sur les effets de la nicotine en contraste des effets néfastes du tabagisme !

Les preuves croissantes de l'intérêt général de la réduction des risques

Le sevrage tabagique et la prévention restent les deux interventions médicales les plus efficaces et les plus rentables. Les professionnels de la santé et de la santé publique doivent sensibiliser en permanence chaque fumeur et la population aux effets néfastes du tabagisme. Pourtant, il est de plus en plus évident que la limitation des effets négatifs du tabagisme peut également être obtenue par la réduction des méfaits du tabac, c'est-à-dire par de nouvelles alternatives plus sûres aux cigarettes.

Il y a de plus en plus de preuves dans la littérature que la réduction des méfaits du tabac peut aider ceux qui ne sont pas en mesure d'arrêter de fumer. À une époque d'innovation technologique, de nouvelles approches émergent continuellement, basées sur des alternatives plus sûres que les cigarettes, pour les fumeurs qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas arrêter complètement de fumer. Lorsque le sevrage échoue à plusieurs reprises, le passage à des produits moins nocifs aura un effet positif pour de nombreux fumeurs.

Des politiciens mieux informés conduisent à des politiques plus efficaces

Nous devons faire prendre conscience des connaissances existantes. Créer plus d'opportunités pour l'éducation des experts en politique de santé, des régulateurs et du grand public afin d'expliquer correctement les avantages de la réduction des méfaits. Des patients mieux informés conduisent à de meilleurs résultats. Des médecins et des responsables de la santé publique mieux informés conduisent à des patients mieux informés. Des politiciens mieux informés conduisent à des politiques plus efficaces. Les régulateurs et les décideurs doivent prendre des décisions éclairées fondées sur des données probantes.

Nous pensons que la production de preuves ne doit pas être empêchée. Par conséquent, nous croyons fermement que davantage de recherches et de publications sont nécessaires et que les nouveaux produits devraient être scientifiquement évalués par rapport aux cigarettes combustibles !

Besoin de liberté académique pour mener des recherches

Nous reconnaissons que le débat sur la réduction des méfaits du tabac se heurte toujours à une forte opposition de la part de certains acteurs clés, y compris des organismes politiques et réglementaires. Néanmoins, nous pensons que d'autres études dissiperont tout doute. Nous avons besoin d'ouverture et de liberté académique pour générer des preuves solides et mettre en œuvre des politiques de santé publique innovantes.

Il est nécessaire d'intensifier les efforts et de bénéficier de la solide expertise déjà existante dans de nombreux pays : partager et diffuser les dernières données scientifiques, identifier les lacunes de la recherche, vérifier de manière indépendante les données de l'industrie, se concentrer sur les fumeurs (quels sont les besoins de ceux qui veulent arrêter de fumer, ainsi que les manières d'aider efficacement ceux qui ne veulent pas arrêter), partager des recommandations politiques, évaluer des interventions, etc.

Les autorités ont le devoir d'informer honnêtement le public

Nous pensons que créer un récit et un discours génériques selon lesquels tous les produits nicotinés sont également nocifs que les cigarettes est trompeur, et les autorités devraient envisager d'en changer.

Les autorités ont l'obligation d'informer les citoyens des risques relativement plus faibles que présentent les nouveaux produits par rapport aux cigarettes sans aucun doute mortelles. Le fait de ne pas informer le public des risques relatifs et d'encourager les fumeurs de cigarettes à passer à des alternatives plus sûres à la nicotine constitue une violation des droits des consommateurs et constitue une négligence.

Rapporteur : Pr Solomon T. Rataemane – Expert en réduction des risques tabagiques (THR), Chef du département de psychiatrie de l'Université de Limpopo, Prétoria, Afrique du Sud.

Signataires représentants d'associations de soutien au Consensus :

 

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