La vape avec d’autres arômes que le goût « tabac » augmente encore plus les chances d’arrêter de fumer

Les aidants à l’arrêt tabagique et les vapeshops le savent bien. Avec le vapotage, les saveurs y compris autres que le goût « tabac » sont un atout majeur pour les fumeurs afin de se défaire de la cigarette. Deux études en population sur des échantillons de plusieurs dizaines de milliers de personnes le confirment très clairement. Les fumeurs qui s’aident de la vape ont plus du double de chances d’arrêter de fumer. Mais lorsqu'ils optent pour des e-liquides fruités ou gourmands, ils ont encore plus de chances de réussite que ceux qui se maintiennent dans des goûts « tabac ». 

Les résultats des deux études présentent cependant une divergence concernant l’efficacité des arômes menthe et menthol. Point important à garder à l’esprit, ce ne sont pas des études cliniques, qui auraient distribué au hasard différents arômes pour comparer leur efficacité, mais des résultats concernant des personnes qui ont choisi des e-liquides selon leur goût et la disponibilité dans la vie réelle. 

La première étude, menée par l’International Tobacco Control (ITC) de quatre pays, s’est appuyée sur un panel de 12 000 personnes en Australie, Canada, Angleterre et États-Unis. Publiée dans la revue d’Oxford Nicotine and Tobacco Research, l’étude a mesuré les proportions d’arrêts tabagiques en 2018 chez les 886 fumeurs s’étant mis au vapotage en 2016, dont plus de la moitié (53,3 %) ne prévoyaient alors pas d’arrêter de fumer.

60 % plus de chances d’arrêts avec des arômes fruits ou gourmands que « tabac » 

« L’utilisation d’e-liquides aux arômes fruités ou autres douceurs est positivement liée à la transition des fumeurs loin de la cigarette », concluent les chercheurs. Les fumeurs ayant opté pour une vape aux arômes gourmands ou fruits étaient 1,6 fois plus nombreux à ne plus fumer après deux ans par rapport à ceux qui avaient initialement opté pour un goût « tabac ». Tandis que les vapoteurs d’arômes menthe ou menthol ont été légèrement moins nombreux en proportion (OR 0,87). 

Sur les 886 fumeurs s’étant mis au vapotage en 2016, dont plus de la moitié (53,3 %) ne prévoyaient pas d’arrêter de fumer, 11,1 % ne fumaient plus deux ans plus tard, dont près de la moitié (48 %) avaient également arrêté la vape. Parmi ceux qui avaient opté pour des arômes gourmands, cette proportion atteignait 13,8 % tandis, que ceux ayant commencé avec un goût « tabac » étaient 9,6 % à ne plus toucher une cigarette et 8,3 % de ceux qui ont préféré des arômes menthes.

« Étant donné que plusieurs administrations envisagent de limiter ou d’interdire la vente de produits de vapotage aromatisés, il est important de tenir compte de la façon dont de telles politiques peuvent avoir une incidence sur les fumeurs qui utilisent des produits de vape pour s’éloigner du tabagisme. Nos résultats indiquent que les vapoteurs qui ont utilisé des arômes de douceurs [NdV. fruités ou gourmands] étaient plus susceptibles de s’éloigner du tabagisme et d’arrêter de fumer, au moins à court terme, par rapport à ceux qui ont utilisé des arômes goût “tabac” ou sans arôme », explique l’équipe internationale de chercheurs dirigée par le Dr Lin Li.

Confirmation par une étude américaine

Une seconde étude, publiée récemment en accès libre aussi dans Nicotine and Tobacco Research, confirme un plus important taux de réussite à arrêter de fumer parmi les vapoteurs optant pour des arômes fruités ou gourmands. Cette analyse s’appuie sur un panel exclusivement américain de près de 17 000 personnes de l’enquête Tobacco Use Supplement-Current Population Survey (TUS-CPS) entre 2018 et 2019.

Par rapport aux fumeurs qui n’ont pas utilisé le vapotage (utilisant ou non d’autres aides), les fumeurs ayant utilisé la vape fréquemment étaient significativement plus nombreux à avoir réussi à arrêter de fumer (au moins 3 mois sans fumer). 16,1 % des non-utilisateurs de vape avaient arrêté de fumer après un an, tandis que les utilisateurs de vapotage étaient 25,4 %.

3,6 fois plus de chances en vapotant fruité ou gourmand

En distinguant le type d’arômes utilisés, les personnes ayant opté pour des arômes fruités ou gourmands ont eu 3,6 fois plus de succès que les non-utilisateurs de vape, tandis que celles qui ont opté pour des arômes « tabac » étaient 2,6 fois plus nombreuses à avoir cessé de fumer. L’écart de réussite en faveur des vapoteurs de fruités et gourmands par rapport aux vapoteurs d’arômes « tabac » est très proche de celui de l’étude précédente.

Divergence forte avec un résultat de l’étude précédente, les personnes ayant utilisé une vape aromatisée à la menthe ou au menthol ont eu les taux d’arrêt les plus élevés en ayant 4,6 fois plus de réussite que les non-utilisateurs de vape. Alors que l’étude internationale montrait un taux de réussite avec les arômes mentholés à un niveau très légèrement inférieur aux utilisateurs d’arôme « tabac ». 

Est-ce que cet écart important sur la réussite avec des arômes mentholés provient d’une différence culturelle entre les pays des enquêtes ? Difficile à dire. Cependant, on peut supposer que l’interdiction des cigarettes mentholées dans certains des pays de l’enquête ITC, mais pas aux États-Unis peut avoir joué un rôle dans cette différence. Cette divergence pointe en creux l’importance de contextualiser les analyses sur les arômes, les préférences de goûts varient entre pays, voire entre groupes sociaux. 

Le plaisir comme facteur déterminant de l’arrêt tabagique

Les résultats des deux études ne livrent pas des niveaux d’efficacité dans l’absolu. Il est probable qu’en forçant des utilisateurs ayant librement préféré un arôme « tabac », à utiliser un autre type d’arôme, leurs réussites seraient moins élevées. La diversité de choix, permettant de dénicher l’arôme plaisir, est avant tout le facteur favorisant l’arrêt tabagique en effaçant, au moins en partie, la frustration liée à arrêter de fumer.

Également, les deux études s’appuient sur ce que les répondants ont spontanément compris par le terme d’arôme « tabac ». Dans l’optique du débat sur des interdictions d’arômes, dans le cas néerlandais, ce que les autorités ont défini comme arôme « tabac », le seul qui y sera encore autorisé à partir de juillet prochain, n’est en aucune façon ce à quoi pensent les personnes du commun. Ce serait un e-liquide produit à partir d’une liste stricte de 16 ingrédients établie par l’institut RIVM. Aucun e-liquide existant actuellement ne répond à cette exigence. Dans cette acceptation néerlandaise du terme, aucun fumeur des études ci-dessus n’aurait pu arrêter de fumer à l’aide du vapotage goût « tabac », puisque l’e-liquide autorisé n’existe pas. 

Cependant, ces deux études montrent clairement que les arômes autres que le seul goût tabagique ont un rôle déterminant positif pour arrêter de fumer avec la vape. Vape qui est actuellement le moyen le plus employé par les fumeurs pour tenter de se séparer de la cigarette en France (et dans de nombreux autres pays). Autrement dit, avec tout le respect que l’on doit à la préférence pour le goût « tabac » des activistes du CNCT, il serait néfaste de l’imposer à toute la population. 


Commentaires

  1. Bonjour,
    Merci pour cet article. Puis-je vous suggérer de relayer la consultation publique que la commission européenne a lancée la semaine dernière ? La réponse au questionnaire, que Bruxelles nous propose, est justement l'occasion de changer la future réglementaire sur la vape (arômes, packaging, etc). Voici le lien : https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say/initiatives/13481-Evaluation-of-the-legislative-framework-for-tobacco-control/public-consultation_fr

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