Les ados français qui vapotent ont près de 40% de risques en moins de devenir fumeurs quotidiens

L'étude est extrait du suivi Escapad réalisé en 2017 par l'Observatoire Français sur les drogues et toxicomanies (OFDT) sur près de 39'000 adolescents de 17 ans. Le suivi recense 34,1% de 17 ans ayant fumé au moins une cigarette le mois précédent et 25,1% à fumer chaque jours. En regard, 16,8% ont vapoté au moins une fois dans le mois, mais seuls 1,9% vapotent quotidiennement. A l'origine de l'étude, l'interrogation inquiète sur le soi-disant "effet passerelle" du vapotage vers le tabagisme chez les jeunes. "À l'aide d'une approche de traitement pondéré de probabilité inverse (IPTW) et de données de cohortes rétrospectives, nous avons analysé si un usage quelconque d'e-cigarette a eu un impact sur la transition vers le tabagisme quotidien chez les Français de 17 ans ayant déjà fumé, en utilisant une grande enquête nationale représentative", explique le papier publié dans la revue Drug and Acohol Dependence

Le vapotage corrélé à un risque fortement réduit de devenir fumeur quotidien

Les résultats montrent que non seulement "aucune preuve d'un risque accru de transition vers le tabagisme quotidien", mais même que ce risque est significativement réduit. Parmi les plus de 23'000 qui ont déjà fumé au moins une cigarette dans leur vie, les adolescents qui ont utilisé le vapotage étaient moins susceptibles de 38% que ceux qui n'ont jamais vapoté de devenir fumeur quotidien à 17 ans (Risk Ratio=0,62 - IC à 95 %). Des résultats similaires concernent les jeunes qui ont essayé le vapotage avant toute cigarette (RR=0,76 IC à 95 %). Les chercheurs se sont concentrés sur la recherche d'un éventuel rôle passerelle du vapotage vers le tabagisme. Pour conclure à son absence en France.

Les chercheurs évoquent des pistes de différences entre la France et les Etats-Unis pour expliquer la différence de résultats entre leur étude et celles prises en compte par la méta-analyse de Soneji et coll. Une considération sur les biais méthodologiques des études américaines, qui corrigent leurs données par des facteurs sans prendre en compte le principal, à savoir le tabagisme des proches, aurait probablement permis d'économiser cette partie du texte. 

Concurrence, évitement, substitution

Parmi les plus de 7'000 jeunes fumeurs quotidiens qui ont essayé le vapotage, "40,2 % (n=2'870) l'ont essayé après la transition au tabagisme quotidien", tandis que "27,2 % (n=1'882) avant et 32,7 % (n=2'302) la même année", précisent les chercheurs, dont Stanislas Spilka de l'OFDT qui avait évoqué en primeur, mais sans rentrer dans les détails, cette étude lors de sa présentation au Sommet de la vape le 14 octobre à Paris. Des proportions qui laissent ouverte la possibilité de rôles distincts entre évitement avant ou en même temps que le passage à la cigarette, mais aussi des tentatives de substitution, comme il est connu et fréquent chez les fumeurs adultes.

Même si les chercheurs contournent le sujet, les résultats de cette étude financée par la Ligue contre le cancer française nourrissent l'hypothèse d'un effet de "concurrence", si ce n'est de rempart, du vapotage contre le tabagisme adolescent. L'hypothèse a déjà été évoquée par le Pr Bertrand Dautzenberg sur la base du suivi Paris Sans Tabac. Cet effet pourrait expliquer la chute sans précédent du tabagisme adolescent dans les pays où le vapotage s'est développé. Notamment aux Etats-Unis, comme l'a présenté, aussi au Sommet de la vape, le Pr David Levy de l'Université de Georgetown (Washington, USA). Ces résultats correspondent également aux constats britanniques, notamment ceux issus du suivi le plus important de jeunes au monde, qui montrent une baisse accélérée du tabagisme des jeunes sous l'impact du vapotage.

A Genève, le principe de précaution en faveur du tabagisme

Malgré ma tentative d'explication en Commission (voir p.11 à 20 + annexes 2 et 3 du mémorandum), à la fin de la semaine le Grand Conseil genevois va, selon toute probabilité, promulguer au nom de la protection des jeunes, l'interdiction du vapotage dans tout lieu public, y compris les magasins, et de la vente de tout produit de vapotage, y compris sans nicotine, aux mineurs. De quoi prolonger d'au moins quelques années le tabagisme, actuellement à un niveau similaire à la France avec un quart des adolescents qui fument, dans la population genevoise. Par "principe de précaution" et pour le plaisir des cigarettiers et de l'industrie pharmaceutique. Mais au nom de la protection des jeunes, évidemment...


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