Vape: la direction de l'OMS pousse pour la défense du tabac indien et l'agenda électoral de Bloomberg contre la science
Affligeant briefing d'information sur le vapotage hier à la 146e session du Conseil exécutif (EB146) de l'OMS à Genève. Mis à l'agenda par l'Irak, autrement dit par un lobby qui a fait pression sur cette nation convalescente dont le vapotage n'est pas une priorité, le sujet a été introduit par le Dr Tedros, directeur général de l'OMS lui-même. Même si la session n'avait qu'un statut informatif et non décisionnaire, l'orientation voulue par la direction de l'OMS ne laisse pas place au doute. Tedros a repris à son compte les éléments de langage du milliardaire candidat à la Maison Blanche Michael Bloomberg. Le vapotage est toxique et constitue une menace pour les jeunes. "Nous en savons suffisamment pour devoir protéger nos enfants de leurs effets nocifs", résume le Dr Tedros comme ligne politique pour l'OMS. Sans discuter ni de réduction des risques face au tabagisme, ni des travaux scientifiques des organismes indépendants, notamment britanniques.
Ranti Fayokun, l'experte en photomontage
Pour appuyer la ligne anti-vape choisie, le briefing d'information a convoqué Ranti Fayokun comme experte scientifique. Pendant une demi-heure, elle a multiplié les affirmations erronées sur le vapotage, dans un exposé déniant tous les éléments scientifiques sérieux. Après avoir confondu particules fines solides et gouttelettes liquides, elle a assuré que le vapotage dégage plus de formaldéhyde que les cigarettes, sans expliquer que cela est dans des conditions irréalistes qui en rendraient l'usage impossible. Reprenant les études bidonnées comptabilisant les personnes ayant fait des crises cardiaques ou AVC avant de vapoter, elle a affirmé que le vapotage augmente les crises cardiaques, les AVC et "peut aller jusqu'au décès" (!). En illustration pour les délégués, mais non visible sur la diffusion publique de l'OMS, de cette affirmation infondée un montage photo digne du Sun.
Dans une explication passablement obscure, la cadre de l'OMS juge inquiétant que des appareils sont réglables. Je cherche encore la justification sanitaire à cette inquiétude et je n'arrive pas à diagnostiquer autre chose qu'une allergie à la liberté chez l'experte de l'OMS. Cette fois, Ranti Fayokun n'a pas affirmé, comme elle l'avait fait au Sénat des Philippines l'existence de produit de vape pour bébés sur la base de montages photographiques. Mais selon elle, les arômes des liquides sont avant tout destinés à attirer "les enfants". Elle a distribué aux délégués des fioles de 50 mL de liquides de vape achetées à Genève, sans préciser que dans ce format, ils sont forcément vendus sans nicotine.
Dénialisme scientifique
Concernant les personnes qui arrêtent de fumer avec le vapotage, "quel est le préjudice pour ces personnes [ex-fumeurs] d'utiliser le vapotage? (...) Que dira t-on à la famille de leur fils ou fille décédé de l'EVALI?", se demande Ranti Fayokun, alors qu'elle sait que ces pneumopathies sont liées aux produits frelatés à la vitamine E du marché noir du THC. Multipliant les sauts logiques dans sa présentation, elle revient quelques minutes plus tard sur le sujet de l'arrêt tabagique pour affirmer qu'il n'y a pas de preuve que le vapotage aide à arrêter de fumer. L'existence des études britanniques et les millions de témoignages sont simplement niés. On a envie de parler de négationnisme pour qualifier l'exposé de Ranti Fayokun, mais le terme de dénialisme évite une éventuelle polémique inconvenante et hors propos sur la Shoah.
Reprenant les données NYTS sur l'utilisation au moins une fois dans le mois précédent l'enquête du vapotage chez les jeunes, elle ne relève pas que ce ne sont pas des données sur un usage fréquent, qui pourrait être signe de dépendance, et ne précise pas, alors qu'elle a mentionné le savoir auparavant, qu'une large partie n'est pas du vapotage de nicotine. Mais elle affirme qu'ils vont devenir dépendants à la nicotine "et cela aura des conséquences sur leur santé". Sans tenir compte de l'écroulement du tabagisme adolescent corrélé au vapotage.
Ré-écriture de l'histoire?
Elle conclut en reprenant la ligne anti-vape du rapport Mpower de l'OMS, financé par Michael Bloomberg et publié l'été dernier. Présent à la session, Vinayak Prasad, coauteur du rapport et ancien haut-fonctionnaire de l'État indien, a sans surprise appuyé l'appel à la répression du vapotage. Tout comme Tibor Szylagi, coordinateur du Secrétariat de la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT).
Celui-ci a fait une sortie troublante selon laquelle la COP7, en 2016 à New Delhi, aurait voté pour recommander aux pays membres "d'interdire ou restreindre le vapotage". C'est la première fois que je vois cette formulation. Jusque-là, les documents de la CCLAT évoquaient la recommandation de "réglementer ou interdire" le vapotage. Étant donné la totale opacité de la CCLAT et de son secrétariat, il est impossible de vérifier cette affirmation.
Les Anglais et les Français doivent-ils continuer de financer cette propagande?
La volonté de l'OMS de placer ce sujet à cette session du Conseil exécutif renvoie évidemment à l'agenda électoral du parrain financier de l'organisme Michael Bloomberg. De son côté, le tabac indien a déjà fait prévaloir ses intérêts en s'appuyant sur le rapport Mpower cosigné par Vinayak Prasad, pour prohiber le vapotage en Inde. Les problèmes profonds de l'OMS sur le sujet, mis en lumière par Sovape, deviennent très préoccupants. Notamment, le hacking des activités anti-tabac de l'OMS par le milliardaire américain et le tabac indien.
Ceci devrait poser la question du positionnement de deux pays grands donateurs à ce domaine de l'OMS (à hauteur de 6% du budget chacun): la France et le Royaume-Uni. Autrement formulé, les contribuables de ces deux pays doivent-ils continuer de subventionner et se faire complices du marketing politique de l'oligarque américain et des intérêts de l'Indian Tobacco Company (ITC Ltd) au détriment de la lutte anti-tabac, du principe de réduction des risques de la CCLAT et des Droits humains?
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