The Slander Factory: la clause d'Omertà imposée aux journalistes payés par Bloomberg via l'Université de Bath (UK)
« Le Contractant ne doit pas faire de déclaration ni laisser entendre de quelque manière que ce soit à des donateurs, des investisseurs, dans les médias ou au grand public que la Fondation [Bloomberg] finance directement ses activités ». L’article 2 du contrat passé (in extenso en fin d’article) entre les journalistes de The Investigative Desk et la Fondation Bloomberg sous le chapeautage de l’Université de Bath (UK) est ahurissant. Il impose le secret et le silence aux journalistes bénéficiaires sur leur conflit d’intérêts avec l’affairiste.
L’Université de Bath réduit à un rôle de paravent pour milliardaire
En soi, le montage où l’université anglaise sert de paravent pour cacher la subordination de journalistes au milliardaire américain est déjà effarant. Bénéficiant d’un projet de 20 millions $ du milliardaire américain selon l’Université de Bath elle-même, l’institution est ainsi transformée en simple proxy au service de l’affairiste new-Yorkais pour influencer les opinions en Europe sans apparaître.La copie du contrat entre les trois parties a été obtenue par le Dr Konstantinos Farsalinos en vertu du droit au libre accès à l’information (FOIA). L’Université de Bath en a expurgé des noms et signatures, notamment pour des raisons de sécurité des personnes et de défense des intérêts commerciaux de l’Université explique la responsable du département de la Freedom of information de l’Université de Bath dans une lettre jointe.Chose inhabituelle, l’Université de Bath a masqué les données en blanc, ce qui rend difficile de distinguer les parties cachées, alors que l’usage est de les noircir.
La demande du Dr Farsalinos, envoyée le 9 janvier, faisait suite à une campagne de diffamation orchestrée par the Investigative Desk et Stéphane Horel, dans des médias néerlandais et en France dans le Monde. Plus récemment, Stéphane Horel et Ties Keyser, d’Investigative Desk, ont de nouveau publié dans la revue BMJ (article à suivre).
Le Monde efface les noms des journalistes d’Investigative Desk
Dans aucun de ces papiers, les journalistes d’Investigative Desk ni leur co-auteure Stéphane Horel n’ont mentionné l’existence de liens d’intérêts financiers avec l’investisseur milliardaire américain. Seule réaction, le quotidien français a effacé, semble-t-il, le 24 janvier, les noms des journalistes d’Investigative Desk sans le préciser ni l’expliquer sur la version online de l’article initialement publié le 19 décembre 2020.
Petites ficelles et grandes manœuvres du journal Le Monde pour tenter de cacher les conflits d’intérêts de journalistes... @lemonde @stephanehorel ainsi que les journalistes disparus de @InvestigativeD @DeskTobacco : @TiesKeyzer @evaschram @hkaranikas pic.twitter.com/e6FO9lojjt
— Yvon Novy (@Rolyvo) June 9, 2021
Aujourd’hui encore, la direction du Monde n’a donné aucune explication à cet effacement. Mais l’existence de ce contrat, dont l’Université de Bath a dû fournir copie au Dr Farsalinos suite à sa demande du 11 janvier, n’y est peut-être pas étrangère.
Le parrain secret
Le parrain d’Investigative Desk, Michael Bloomberg est un membre de longue date du top 20 des fortunes mondiales. Il a des investissements qui couvrent un large spectre intérêts économiques, dont il ne rend pas compte au public. On peut cependant noter qu’aucune des nombreuses organisations « antitabac » qu’il contrôle n’évoque jamais les affaires des cigarettiers de Chine, d’Inde, ni de Thaïlande. Pourtant, ceux-ci vendent plus de la moitié des cigarettes fumées dans le monde.
Évoquer les affaires chinoises peut même provoquer le harcèlement par les gros bras du philanthrope aux méthodes de caïd. La journaliste Leta Hong Fincher l’avait subi des mois durant, comme le rapporte le NPR.
Cependant officiellement, le milliardaire s’oppose en principe à la réduction des risques pour justifier d’avoir transformé la lutte antitabac en lutte antivape. Comme lors de son interview sur CBS Morning en septembre 2019, où il rejette simplement sans discussion le travail scientifique du Public Health England.
Journalisme de l’omertà
Du côté des journalistes payés par Bloomberg via l’Université de Bath, accepter cette clause d’omertà ne laisse aucun doute sur leur niveau de déontologie. La révélation de cette clause s’ajoute aux nombreuses « erreurs » des articles publiés.
« Art. 9 — Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
Art. 10 — Refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction. », extraits de la Charte de Munich sur les droits et devoirs des journalistes.
Qui d’autre ?
Mais au-delà du cas des journalistes d’Investigative Desk, l’existence de clause d’omertà dans les contrats de Bloomberg pose la question du nombre d’organisations ou d’individus bénéficiant de son financement et astreints à ne pas révéler être payés par le milliardaire. Cela signifie qu’aucune confiance ne peut plus être accordée à des opposants à la réduction des risques, dont on ne peut pas savoir s’ils ont été achetés sous le sceau du secret par Bloomberg ou s’ils sont sincères.
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