Braquage à la Danoise : dépôt du projet de taxe pour "empêcher les fumeurs de passer à la vape"


« Le but de l’introduction de la taxe est de réduire la consommation de vapotage et d’empêcher que l’augmentation des taxes sur les produits du tabac traditionnel n’entraine une consommation accrue de vapotage », explique le Gouvernement danois. Son justificatif pour une taxe de 2 couronnes (Kr) par ml de liquide nicotiné de vape est clair. Pousser les 23% de danois qui fument dans une impasse sans échappatoire pour mieux les racketter. Le projet de modification de la loi sur les accises des produits du tabac a été déposé ce 18 novembre. Le public a jusqu’au 18 décembre pour le commenter dans la procédure de consultation publique

Prix doublé pour les boosters et les liquides d’entrée de gamme

La taxe se monterait à 20 Kr par fiole de 10 ml, sur laquelle s’ajoute une TVA de 25 % au Danemark. Toutes les fioles de liquides nicotinés qui seront encore sur le marché légal seront augmentées de ~3 €30. Les « boosters » sans arômes et les liquides goût tabac ou menthol d’entrée de gamme, actuellement à 25 Kr, doubleront de prix pour atteindre 50 Kr, soit ~7 €. En comparaison, le paquet de cigarettes coûte 55 Kr.

Une loi au goût tabac

L’interdiction prévue de manière concomitante des arômes risque fortement d’entrainer la disparition de liquides plus travaillés et plus chers du marché légal. Car la taxe anti-vape s’inscrit dans un ensemble de mesures du soi-disant plan « tabac » dont j’avais parlé lors de son adoption en décembre dernier. 

Ce plan coordonne la taxe sur la vape à une interdiction des arômes de vape, sauf goût tabac et menthol, l’imposition d’emballages neutres et l’interdiction de visibilité des produits, avec une exception à l’intérieur des seuls vapeshops. Le texte du Gouvernement prévoit l’entrée en vigueur de la taxe au 1er juillet 2022, après un an de délai pour que les entreprises puissent « s’adapter » aux nouvelles dispositions.

Effets secondaires constatés 

Il est difficile de voir comment le Danemark évitera les effets secondaires pervers, constatés en Finlande et en Estonie, de ces mesures. Le Gouvernement ne semble pas s'en être soucié, au point de n'avoir jamais dialogué avec l'association des vapoteurs DADAFO. Un retour au tabagisme d’une partie des 300 000 vapoteurs danois et le recours à des sources parallèles pour ceux qui ne veulent pas mourir pour financer l’État danois sont prévisibles. 

En Finlande, l’entrée en vigueur le 1er janvier 2017 d’une taxe similaire (de 3 €) et de l’interdiction des arômes a entrainé la faillite de 70 % des magasins spécialisés dans l’année. Le taux de tabagisme finlandais est remonté en 2018 au niveau qu’il avait en 2010, à 19 % de fumeurs alors qu’il était descendu à 16 % entretemps. À côté du tabagisme fumé, 6 % de la population finlandaise utilise le snus dont l’importation pour consommation personnelle est autorisée. Sauf lors du confinement en début d’année, ce qui a provoqué du trafic. 

En Finlande, une des pratiques devenues courantes des vapoteurs semble être l’achat d’arômes aux rayons alimentaires, à l’aveugle sur leur sureté pour l’usage en vapotage. Tandis qu’en Estonie, le marché noir a pris en main la vente de liquides de vape. Ces approches pourraient se généraliser à l'Union Européenne à travers les révisions de la TPD et de la directive des taxes TED. Dans cette perspective, l'ETHRA a lancé une enquête en ligne ouverte jusqu'au 31 décembre pour évaluer la situation et les réactions des usagers.


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