Etude USA: la chute du tabagisme des jeunes s'est accélérée par trois avec l'arrivée du vapotage
Ce n'est pas seulement une réfutation implacable par la réalité du terrain de la fumeuse théorie de la passerelle. L'étude épidémiologique de huit chercheurs de premier plan parue hier dans la revue Tobacco Control démontre que le vapotage n'a non seulement pas fait augmenter le tabagisme des jeunes américains, mais que son apparition coïncide avec une forte accélération de sa chute. Par près de trois fois pour le tabagisme quotidien chez les moins de 21 ans, et par deux chez les 22 à 25 ans. "La relation d'inversion entre vapotage et tabagisme est robuste dans les différents ensembles de données concernant les jeunes et les jeunes adultes, ainsi que pour le tabagisme actuel et établi", explique l'équipe menée par le Pr David Levy, de l'Université de Georgetown de Washington.
2014: année charnière
Les chercheurs s'appuient sur l'analyse des données de 2004 à 2017 concernant les jeunes de 15 à 25 ans de pas moins de cinq enquêtes nationales américaines - Monitoring the future (MTF), National Youth Tobacco Survey (NYTS), Youth Risk Behavior Survey (YRBS), National Survey of Drug Use and Health (NSDUH), National Health Interview Survey (NHIS) -. "Nous avons identifié 2014 comme l'année charnière où le vapotage est devenu populaire chez les jeunes et les jeunes adultes. Cependant, nous avons considéré les années précédentes comme le point de basculement dans nos analyses des tendances en matière d'usage de cigarettes", précisent-ils.
Accélération fulgurante de la chute du tabagisme des jeunes
L'analyse des tendances moyennes montre une accélération par au moins trois fois de la chute du tabagisme quotidien chez les jeunes de moins de 21 ans à partir de l'essor du vapotage. Pour les 22 à 25 ans, la réduction du tabagisme quotidien a doublé de vitesse. "La baisse à long terme de la prévalence du tabagisme chez les jeunes américains s'est accéléré à partir de 2013 lorsque le vapotage s'est généralisé. Ces résultats sont aussi observés chez les jeunes adultes américains, notamment les 18 à 21 ans. Nous avons également constaté que le tabagisme établi - tel que mesuré dans les enquêtes par le tabagisme quotidien, fumer un demi-paquet par jour ou avoir fumé au moins 100 cigarettes et fumer actuellement certains jours ou tous les jours - s'est nettement accéléré lorsque le vapotage a augmenté", résument les huit spécialistes.
Le rôle clef du vapotage
Durant la période de 2012 à 2017, les Etats-Unis ont connu peu de changement du prix des cigarettes et des réglementations contre le tabagisme dans les lieux publics. Tandis que les campagnes de prévention, qui existaient avant l'apparition du vapotage, ont pu avoir un effet, mais relativement restreint selon diverses études. "Ces analyses suggèrent que les mesures de lutte antitabac sont au plus responsables d'une petite part de l'accélération de la chute du tabagisme des jeunes et des adultes", soulignent l'article dans Tobacco Control. En somme, il est plus que difficile d'écarter le rôle du vapotage pour expliquer l'effondrement du tabagisme des jeunes sur cette période.
La manière par laquelle le vapotage tient ce rôle contre le tabagisme chez les jeunes reste à définir. Il paraît très probable que l'expérimentation du vapotage détourne de nombreux jeunes d'essayer de fumer. Une meta-analyse, publiée la semaine dernière dans Nicotine & Tobacco Research, montre qu'essayer une cigarette amène dans 69% des cas à devenir fumeur régulier. En contraste, le vapotage permet d'expérimenter l'inhalation sans fumer, et en laissant ouverte l'option de le faire sans substance active, notamment la nicotine. Certains jeunes qui fument déjà utilisent également le vapotage pour arrêter la cigarette.
Se calmer et réfléchir
A contrario de la vague de buzz alarmistes, les auteurs proposent de tenir compte des évolutions réelles pour décider de mesures politiques. "Travailler sur la contribution que peut jouer, le cas échéant, l'effet de diversion [du vapotage] et réfléchir au rôle des campagnes d'éducation publique et peut-être d’autres actions, sont essentiels pour prendre des décisions politiques appropriés afin de favoriser la récente tendance très encourageante en matière de consommation de cigarettes par les jeunes et les jeunes adultes", proposent les chercheurs. Avant d'insister: "si la principale préoccupation concerne les tendances du tabagisme chez les jeunes et les jeunes adultes, ce qui nous semble approprié, alors le vapotage ne montre pas devoir être un sujet d'inquiétude importante".
C'est une bonne chose pour la santé publique ainsi que pour les dépenses publiques.
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