Nouveau rebondissement dans le tumultueux périple politique du vapotage aux Philippines. Le 8 octobre, le Congrès a suspendu en pleine séance l’élaboration d’une réglementation sur le vapotage avec la Food and Drug Administration Philippines (FDA-Ph), après la révélation de financements cachés de l’agence par Bloomberg en vue de l’influencer sur le sujet.
Prévue d’être consacrée à l’élaboration de l'ordonnance de la prochaine réglementation du vapotage, la séance de travail du 8 octobre de la Commission du Congrès avec la Food and Drug Administration (FDA-Ph) a pris une tournure inattendue. D’entrée, la séance en visioconférence semble débuter bizarrement. Les représentants de la FDA-Ph ne dévoilent ni leur image ni leur nom. « Nous avons le droit de savoir à qui nous parlons de la FDA », proteste Victor Savellano, vice-président de la Chambre.
Les représentants de la FDA-Ph nient, puis avouent
Cet étrange incognito des fonctionnaires était peut-être avisé. En effet, Estrellita Suansing, représentante de la région de Nueva Ecija, pose une question sur un sujet délicat. Est-il exact que la FDA-Ph a reçu des financements de la part de groupe privés étrangers ? « Dans un premier temps, les agents de la FDA, que le compte-rendu de séance n’a pas identifié, nient avoir reçu des fonds », relate l’Inquirer du 14 octobre.
Mais l’élue produit des documents provenant de Bloomberg et de l’Union, une des organisations sous la coupe de l’affairiste américain, évoquant des versements à l’agence philippine. « Confrontés à cela, les représentants de la FDA ont admis avoir reçu des fonds », poursuit l’Inquirer. Aucun détail n'est livré ni sur les montants ni sur les conditions de ces financements qui étaient jusque là restés secrets.
Suspension de séance et demande d’enquête
« N’est-ce pas un conflit d’intérêts parce que vous êtes financé par Bloomberg pour le Programme national de lutte contre le tabagisme ? N’est-ce pas un conflit d’intérêts que de pousser pour cette réglementation ? » demande Estrellita Suansing aux représentants anonymes de la FDA-Ph,
selon le Manila Standard du 11 octobre.
« Ce financement a pu influencer les orientations politiques du règlement. C’est important pour nous », ajoute-t-elle réclamant l’accès aux documents financiers et les accords entre Bloomberg et la FDA-Ph. Victor Savellano, le vice-président de la Chambre, suspend la séance et intime l’ordre à la FDA-Ph de ne plus agir sur ce dossier avant que les faits ne soient éclaircis. Il a annoncé lancer une résolution pour une enquête du Congrès sur le dossier.
Une simili-prohibition en guise de projet d’ordonnance administrative
Cette séance du 8 octobre était censée concerner les lignes directrices du projet de
« loi sur les systèmes de distribution de nicotine non combustible », dont le principe a été
adopté par le Congrès en août dernier. Cependant, Clarisse Virgino, de la Coalition of Asia Pacific Tobacco Harm Reduction Advocates (
CAPHRA),
explique au Metro News Central que le texte de l’ordonnance administrative préparé par la FDA-Ph constituerait quasiment une interdiction
de facto de la vape.
En réaction à la révélation de cette nouvelle affaire, la défenseuse Philippine des droits à la réduction des risques rappelle que solliciter ou accepter des cadeaux ou avantages sont interdits en vertu de la Loi et du Code de conduite et des normes éthiques pour les fonctionnaires Philippins.
« Il est clair que les fonds reçus de groupes anti-vape nuiraient au traitement de la FDA des produits de réduction des méfaits du tabac tels que le vapotage et le tabac chauffé »,
précise Clarisse Virgino de la CAPHRA à l’Inquirer du 23 octobre.
Possible plainte auprès de l’Ombudsman
« L’acceptation de la subvention par la FDA est un cas évident de conflit d’intérêts motivé uniquement par des considérations financières », appuie Anton Israel, président de l’Union des consommateurs de nicotine des Philippines (
NCUP)
. « Si la FDA ignore les opinions des parties prenantes légitimes et directement touchées et procède à l’adoption d’une ordonnance administrative tirée de l’agenda de leurs patrons “antitabac”, nous serions contraints de signaler un cas de corruption auprès du Médiateur », précise Anton Israel.
Photomontage de bébé vapoteur exhibé par l’OMS
Plus tôt, le processus Philippin avait déjà été émaillé
d’une scène surréaliste lors de l’audition de Ranti Fayokun, haut cadre de l’OMS, qui avait présenté notamment un photomontage d’un bébé en train de vapoter comme une photo d’un véritable produit sur le marché devant une commission du Congrès le 10 décembre 2019.
Le mois précédent, le président Rodrigo Duterte, avait
décrété oralement l’interdiction du vapotage, menaçant de
« tuer cette pute de vapoteur » dans les jours qui avaient suivi. Le despote semblait persuadé du caractère extrêmement toxique du vapotage. En l’absence de décret écrit, la police avait procédé à la saisie du matériel de vapoteurs, mais sans les incarcérer ni les amender.
Affairiste financier, magnat de presse et politicien américain, le milliardaire Michael Bloomberg finance pour des centaines de millions $ des actions contre le droit à la réduction des risques à travers diverses organisations qu’il contrôle. Il est par ailleurs en affaires avec des nations du tabac telles que l’Inde et la Thaïlande.
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Toujours des articles très intéressants.
RépondreSupprimerMais pourquoi Bloomberg est il à ce point anti vape, quel est son intérêt ?
Idem pour Glandz. Je comprends pas...
En 2017, Phillip Gardiner, proche de Glantz à l'UCSF, avait expliqué dans un échange informel qu'il avait besoin de stigmatiser le vapotage afin de recevoir des budgets de recherche.
RépondreSupprimerPour Bloomberg, c'est plus complexe. Mais probablement d'une part, une conviction idéologique puritaine. Comme maire de NY il a mené une politique répressive avec des effets particulièrement racistes, par ex. D'autre part, il profite d'une protection de ses intérêts financiers dans les affaires qu'il mène avec certains pays, notamment asiatiques, dont la production de tabac et/ou la vente de cigarettes est un secteur économique majeur. En partie, il est difficile de savoir plus précisément parce que ses intérêts financiers sont opaques. Ce qui devrait justement amener des organismes ayant un soucis de transparence et d'honnêteté à refuser d'être financé par lui. Lorsqu'on voit que le GGTC est une organisation en partenariat avec l'Etat de Thaïlande qui détient le monopole du tabac local, il devient difficile d'accorder du crédit à Bloomberg et les organismes qui s'associent à lui sur la question de la lutte anti-tabac.