Raphaël, le jeune belge, est-il décédé à cause du mépris des autorités envers les associations d'usagers? [MàJ]
A ne pas avoir pris la peine d'écouter l'avertissement des associations européennes de réduction des risques, les autorités ont-elles fait preuve d'une négligence mortelle? Raphaël P. est décédé ce 6 novembre aux clinique Saint-Luc de Bruxelles. Selon la presse locale, le jeune belge de 18 ans aurait succombé à des complications pulmonaires ayant provoqué une insuffisance respiratoire. Les analyses médicales sont en cours.
Cependant devant le parlement, Maggie De Block, la Ministre de la santé belge, affirme que le "lien avec la cigarette électronique est établi. Il n'y a chez ce patient aucune autre explication pour une pneumonie aussi grave". Le père de la victime donne des précisions sur son usage du vapotage. En mai, le jeune avait reçu une vaporette. "Il ne l’a utilisé que deux semaines environ. Après, il s’est mis à fumer. Vers la mi-septembre, il a testé du CBD par vapoteuse avec son frère et sa mère. Eux n’ont rien eu", précise Thierry P., le père de la victime, au journal SudPresse.
Les analyses médicales sont en cours
"Nous ne possédons pas encore les résultats des analyses pour Raphaël mais, de tous ces éléments, il nous semble logique de recommander une extrême prudence dans l’utilisation de la vapoteuse et certainement de produits contenant des dérivés du cannabis", précise de son côté le Pr Luc-Marie Jacquet, responsable du service d'infectiologie des cliniques de Saint-Luc de Bruxelles.
L'accident était-il évitable?
Si l'hypothèse d'une pneumopathie liée au vapotage de liquide à base de CBD, comme insiste lourdement la presse belge, se confirmait alors l'absence de réaction des autorités à l'avertissement de l'European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA) publié le 5 octobre dernier pourrait être synonyme de négligence grave.
Le 5 octobre l'ETHRA avertissait de produits dangereux en Europe
Le regroupement des associations de défense de la réduction des risques et des droits des usagers avait prévenu de la présence en ligne de vente à destination d'acheteurs européens de produits avec de l'huile et de la vitamine E. "Les liquides contenant des huiles ou de l'acétate de vitamine E sont potentiellement nocifs, même pour une utilisation à court terme", insistait alors le communiqué de l'ETHRA.
Ayant constaté l'absence totale d'intérêt et de réaction, malgré plusieurs tentatives de militants pour faire retirer de la vente en ligne des produits problématiques, j'avais relancé la problématique à travers un billet le 24 octobre. Sans aucune réaction, ni intérêt des autorités. Juste l'habituel mépris bureaucratique et l'absence de consultation des principaux concernés et défenseurs des usagers. Aujourd'hui, le site américain qui vend en ligne depuis la Pologne des vape-pens remplis d'huile et de vitamine E est toujours actif [edit 15-11-2019 à 1h] a rendu le produit problématique indisponible à la vente. [/]
Aujourd'hui, même le CDC reconnait que la vitamine E des produits du marché noir est impliquée dans les pneumopathies aux Etats-Unis.
Pourtant entre temps, le Centre for Disease Control (CDC) américain a confirmé que les décès consécutifs à des pneumopathies aux Etats-Unis sont tous liés à des produits contenant de la vitamine E. "Ces analyses apportent la preuve directe que l'acétate de vitamine E est le principal responsable de lésions dans les poumons", a assuré Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC. Une analyse qui arrive quatre mois, et plusieurs milliers de malades supplémentaires, après les alertes et éclairages sur le sujet des utilisateurs aux Etats-Unis.
L'acétate de vitamine E est une substance sur une base huileuse utilisée par les dealers pour tromper les usagers sur la qualité des produits au cannabis. Nous avions insisté en août et septembre sur cette origine des problèmes. Une analyse qui avait reçu le commentaire de théorie "fumeuse" par le Journal International de Médecine (JIM). C'était au moins une forme de réaction. Celles des autorités, les défenseurs des droits des usagers de moyens de réduction des risques les attendent toujours.
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